- SeiferÉrudit
Je me suis posé cette question parce que je pense qu'elle est importante.
Je me demande jusqu'où va votre neutralité et ce qu'elle correspond pour vous. Pour moi c'est du flanc. Quand des élèves m'avaient questionné sur la primaire de la droite et du centre, j'ai répondu que jamais je ne voterai pour un parti de droite.
J'ai raconté l'histoire de Wu Zetian, seule impératrice chinoise de l'histoire, à mes élèves la semaine dernière, j'ai également fait des parallèles avec nos politiciens parce qu'elle a mené des actions contre le pouvoir en place avant et a mené une avancée sociale, notamment à cette époque là. Or on en a souvent parlé comme une femme dangereuse à cause de la milice secrète qu'elle a créée et également une femme qui est arrivée à ses fins en couchant et non pas grâce à son intelligence politique - non attendez, on ne va pas glorifier une femme, faut pas abuser... -.
Bref, on peut voir que le patriarcat libéral lorsqu'il est mis à mal est directement déprécié, même notre Révolution, ça a beau être un symbole, on en garde en souvenir chez pas mal de personnes que se sont les révolutionnaires qui ont coupé des têtes. Alors que les actes des versaillais avant, non, ça n'existe pas.
On va même faire de certaines personnes des symboles, notamment Voltaire sur qui j'ai ouvert un sujet il y a peu : https://www.neoprofs.org/t108175-quelqu-un-a-deja-lu-le-traite-de-metaphysique-de-voltaire?highlight=voltaire
Où est la neutralité lorsque jeune, on m'a dit que c'était un "philosophe des Lumières, chantre de la tolérance et de l'avancée sociale". Hormis une neutralité blanche suprématiste, je ne vois pas.
Qu'est-ce que la neutralité ? Notamment lorsqu'en troisième on a un chapitre "critique de la société" ? C'est quoi ? Les OGM, le nucléaire, les ventes d'armes aux groupes terroristes, le financement des guerres de nos pays ? Dire que le colonialisme c'est un "partage de culture" ?
Qui est neutre chez ces fossoyeurs d'humanité ?
Où est-ce que je peux être neutre quand une gosse (adorable qui plus est) de je ne sais quelle nationalité est venue me demander si elle ne sera plus scolarisée gratuitement dans l'éventualité où Le Pen passe ?
Je me rends compte que mon message est certainement décousu, mais je suis particulièrement énervé au fur et à mesure du temps qui passe.
Je me demande jusqu'où va votre neutralité et ce qu'elle correspond pour vous. Pour moi c'est du flanc. Quand des élèves m'avaient questionné sur la primaire de la droite et du centre, j'ai répondu que jamais je ne voterai pour un parti de droite.
J'ai raconté l'histoire de Wu Zetian, seule impératrice chinoise de l'histoire, à mes élèves la semaine dernière, j'ai également fait des parallèles avec nos politiciens parce qu'elle a mené des actions contre le pouvoir en place avant et a mené une avancée sociale, notamment à cette époque là. Or on en a souvent parlé comme une femme dangereuse à cause de la milice secrète qu'elle a créée et également une femme qui est arrivée à ses fins en couchant et non pas grâce à son intelligence politique - non attendez, on ne va pas glorifier une femme, faut pas abuser... -.
Bref, on peut voir que le patriarcat libéral lorsqu'il est mis à mal est directement déprécié, même notre Révolution, ça a beau être un symbole, on en garde en souvenir chez pas mal de personnes que se sont les révolutionnaires qui ont coupé des têtes. Alors que les actes des versaillais avant, non, ça n'existe pas.
On va même faire de certaines personnes des symboles, notamment Voltaire sur qui j'ai ouvert un sujet il y a peu : https://www.neoprofs.org/t108175-quelqu-un-a-deja-lu-le-traite-de-metaphysique-de-voltaire?highlight=voltaire
Où est la neutralité lorsque jeune, on m'a dit que c'était un "philosophe des Lumières, chantre de la tolérance et de l'avancée sociale". Hormis une neutralité blanche suprématiste, je ne vois pas.
Qu'est-ce que la neutralité ? Notamment lorsqu'en troisième on a un chapitre "critique de la société" ? C'est quoi ? Les OGM, le nucléaire, les ventes d'armes aux groupes terroristes, le financement des guerres de nos pays ? Dire que le colonialisme c'est un "partage de culture" ?
Qui est neutre chez ces fossoyeurs d'humanité ?
Où est-ce que je peux être neutre quand une gosse (adorable qui plus est) de je ne sais quelle nationalité est venue me demander si elle ne sera plus scolarisée gratuitement dans l'éventualité où Le Pen passe ?
Je me rends compte que mon message est certainement décousu, mais je suis particulièrement énervé au fur et à mesure du temps qui passe.
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De tout cimetière naît un champ de fleurs.
- manchotte50Niveau 10
il est clair qu'on a le sentiment que la neutralité doit en gros servir à diffuser les mêmes idées que "les têtes pensantes" du gouvernement...Pour moi il s'agit de se montrer tolérant et donc réprimer toute pensée qui nuirait à la liberté de pensée. J'explique souvent aux élèves que le plus dur est de trouver le juste équilibre
- DanskaProphète
La neutralité, pour moi, c'est surtout présenter les idées et arguments opposés, et de façon aussi impartiale que possible.
Typiquement, quand je donne des cours en sciences politiques et que j'en viens à évoquer le programme des partis, j'essaie de piocher mes exemples positifs ou négatifs à droite comme à gauche, ou de mettre en lumière les deux faces d'une opinion ou d'une proposition. Dans un cas comme celui de Voltaire, pareil, j'aurais évoqué ses apports, mais également les zones d'ombre.
Evidemment, les élèves ne sont pas dupes, ils savent très bien si je vote à gauche ou à droite ! Mais au moins, ils se font leur propre opinion sans que j'ai le sentiment de trop les influencer.
Mais je rejoins manchotte, pas toujours simple de trouver un équilibre entre le relativisme et la partialité...
Typiquement, quand je donne des cours en sciences politiques et que j'en viens à évoquer le programme des partis, j'essaie de piocher mes exemples positifs ou négatifs à droite comme à gauche, ou de mettre en lumière les deux faces d'une opinion ou d'une proposition. Dans un cas comme celui de Voltaire, pareil, j'aurais évoqué ses apports, mais également les zones d'ombre.
Evidemment, les élèves ne sont pas dupes, ils savent très bien si je vote à gauche ou à droite ! Mais au moins, ils se font leur propre opinion sans que j'ai le sentiment de trop les influencer.
Mais je rejoins manchotte, pas toujours simple de trouver un équilibre entre le relativisme et la partialité...
Tu peux lui répondre que non sans t'avancer : Le Pen l'a affirmé maintes et maintes fois, c'est donc un fait, ou en tout cas une information, pas une opinion. En revanche, pour rester neutre, éviter de cracher la réponse avec dégoûtSeifer a écrit:Où est-ce que je peux être neutre quand une gosse (adorable qui plus est) de je ne sais quelle nationalité est venue me demander si elle ne sera plus scolarisée gratuitement dans l'éventualité où Le Pen passe ?
- ChamilNiveau 9
Danska a écrit:La neutralité, pour moi, c'est surtout présenter les idées et arguments opposés, et de façon aussi impartiale que possible.
Typiquement, quand je donne des cours en sciences politiques et que j'en viens à évoquer le programme des partis, j'essaie de piocher mes exemples positifs ou négatifs à droite comme à gauche, ou de mettre en lumière les deux faces d'une opinion ou d'une proposition. Dans un cas comme celui de
C'est en effet fondamental dans nos matières de sciences sociales et humaines. Il faut systématiquement faire le tour des différentes approches théoriques et méthodologiques, montrer leurs intérêts respectifs.
A ce propos, la recherche de la tolérance et d'objectivité est un élément clé (mais souvent méconnu) du statut des enseignants-chercheurs.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006064492&dateTexte=20090901
- ZagaraGuide spirituel
Oui, respecter toutes les opinions respectables qui existent sur le sujet abordé, en les présentant correctement et sans prendre parti.
La droite a des opinions respectables et une vision du monde cohérente. On peut ne pas les partager, mais il faut essayer de les comprendre et de les restituer sans cracher dessus. Idem dans le sens inverse.
Personnellement, je trace une ligne très claire entre mon temps de travail et ma vie personnelle. Tout ce que je dis au dessus, je l'applique avec diligence quand je suis face à des élèves/étudiants. Par contre, lorsque j'ai mon chapeau de citoyenne, en dehors de la classe, je ne vais pas me priver de réfuter une opinion ou d'exprimer mes convictions fortement. Mais il y a un lieu et un temps pour tout. Le temps de la classe doit être celui de la neutralité politique et de la loyauté face à la construction individuelle des auditeurs (donc en leur donnant le plus de billes différentes possibles pour qu'ils se fassent une opinion).
La droite a des opinions respectables et une vision du monde cohérente. On peut ne pas les partager, mais il faut essayer de les comprendre et de les restituer sans cracher dessus. Idem dans le sens inverse.
Personnellement, je trace une ligne très claire entre mon temps de travail et ma vie personnelle. Tout ce que je dis au dessus, je l'applique avec diligence quand je suis face à des élèves/étudiants. Par contre, lorsque j'ai mon chapeau de citoyenne, en dehors de la classe, je ne vais pas me priver de réfuter une opinion ou d'exprimer mes convictions fortement. Mais il y a un lieu et un temps pour tout. Le temps de la classe doit être celui de la neutralité politique et de la loyauté face à la construction individuelle des auditeurs (donc en leur donnant le plus de billes différentes possibles pour qu'ils se fassent une opinion).
- gregwbNiveau 6
La neutralité, c'est peut-être aussi d'éviter de crier avec les loups. C'est prendre un maximum de recul pour essayer de montrer que tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir.
Exemple :
François Hollande n'est pas le plus mauvais président de la Ve République, il est juste celui qui a le plus d'opinions négatives durant son mandat. Pour le plus mauvais, on attend la fin de mandat et on laisse l'histoire juger.
Là je suis neutre, j'expose un fait, je ne sur-interprète pas (par ailleurs, c'est quoi un mauvais président?). je laisse ouverte la possibilité ultérieure de jugement de valeur.
(bon ce n'est qu'un exemple, on ne va pas lancer un débat sur la nullité de François Hollande)
Sinon, le monsieur de Nota Bene vient de nous offrir une vidéo qui pourrait alimenter cette réflexion autour d'une autre question toujours polémique.
Exemple :
François Hollande n'est pas le plus mauvais président de la Ve République, il est juste celui qui a le plus d'opinions négatives durant son mandat. Pour le plus mauvais, on attend la fin de mandat et on laisse l'histoire juger.
Là je suis neutre, j'expose un fait, je ne sur-interprète pas (par ailleurs, c'est quoi un mauvais président?). je laisse ouverte la possibilité ultérieure de jugement de valeur.
(bon ce n'est qu'un exemple, on ne va pas lancer un débat sur la nullité de François Hollande)
Sinon, le monsieur de Nota Bene vient de nous offrir une vidéo qui pourrait alimenter cette réflexion autour d'une autre question toujours polémique.
- KrilinXV3Neoprof expérimenté
Où est la neutralité quand on nous demande aussi de faire la promotion de ce que certains appellent les "valeurs de la république", nouveau mantra qui ne s'appuie sur aucun texte légal ?
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Asinus asinum fricat
- DimkaVénérable
Bonsoir,
Je trouve ton discours un peu gênant (enfin, je ne suis pas d’accord, quoi), pour plusieurs raisons.
Et je trouve que la neutralité est une condition de l’enseignement. D’un point de vue ethique : les parents confient leurs enfants à l’État, ils jouent le jeu, donc l’État doit jouer le jeu (et ses agents avec lui). L’autorité conférée au prof ne devrait pas être détournée à des fins idéologiques personnelles, c’est une question de déontologie.
Et d’un point de vue pratique : un élève qui serait sur une autre idéologie que toi ne devrait pas le savoir, ou en concevoir de la gêne, parce qu’il pourrait en tirer de l’hostilité, ou du malaise, et ça pourrait nuire à son apprentissage, à la crédibilité qu’il accorde à ta parole. La neutralité permet d’avoir la confiance de tous. De façon plus large, les débats politiques, ça se fait entre pairs, et les élèves ne sont pas tes pairs : ta parole a l’autorité conférée par ta fonction, soit cette autorité sera mise à mal, soit elle sera utilisée de façon déloyale pour affirmer tes idées, non ?
En ce sens, j’ai une conception de la neutralité peut-être assez proche de celle de la neutralité médicale/paramédicale, ou de la croix-rouge. Et du coup, je ne trouve pas que ça soit du flanc. Autant par respect des bénéficaires que par intérêt (pour pouvoir mener sa mission à bien), la neutralité me semble saine. Et parfois, être neutre c’est dur, parce qu’on est touché : mais c’est justement dans les moments durs que c’est le plus important.
Si des élèves te demandent des informations sur tes opinions/pratiques politiques, c’est quand même largement possible de leur expliquer que ça ne va pas être possible de répondre dans le cadre scolaire, ou plus largement dans le cadre de la relation que tu entretiens avec eux (je veux dire, c’est pas juste « on est dans une salle de cours, sortons-en et parlons », mais plus largement le fait que vous ne vous connaissiez que parce qu’ils sont élèves et que tu es prof). Et ça ne porte absolument pas atteinte à ton intégrité de le faire.
C’est toujours possible qu’on ait, inconsciemment, une vision orientée de l’histoire, à cause de préjugés, même chez les historiens les plus sincères, et c’est également complètement légitime de souligner, dans le cadre d’un discours scientifique, ces biais, quand on les découvre. Par contre, avoir volontairement un discours politique à connotation historique, ce n’est plus de l’histoire, c’est de la politique.
C’est la même chose pour Voltaire. Il y a effectivement une lecture orientée de Voltaire (d’ailleurs, ce n’est peut-être même pas une lecture, parce que des tas de gens louent Voltaire sans en avoir lu plus de deux lignes), okay. Et alors ? Si on fait preuve de rigueur intellectuelle, on n’a pas à prendre parti pour ou contre : on lit ce qu’il a écrit, pas plus, pas moins, et on le prend pour ce que c’est, c’est-à-dire un auteur d’il y a plusieurs siècles. Donc on évite de le juger (que ça soit en bien ou en mal) avec les valeurs d’aujourd’hui.
Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas ton absence de neutralité et l’expression de ton indignation dans le cadre scolaire qui va changer quoi que ce soit, ni aux inquiétudes de l’élèves, ni au climat politique du pays ou aux lois futures.
Je trouve ton discours un peu gênant (enfin, je ne suis pas d’accord, quoi), pour plusieurs raisons.
Je ne crois pas que la neutralité, ça soit plus ou moins. C’est tout ou rien. On est neutre, ou on ne l’est pas.Seifer a écrit:Je me demande jusqu'où va votre neutralité et ce qu'elle correspond pour vous. Pour moi c'est du flanc.
Et je trouve que la neutralité est une condition de l’enseignement. D’un point de vue ethique : les parents confient leurs enfants à l’État, ils jouent le jeu, donc l’État doit jouer le jeu (et ses agents avec lui). L’autorité conférée au prof ne devrait pas être détournée à des fins idéologiques personnelles, c’est une question de déontologie.
Et d’un point de vue pratique : un élève qui serait sur une autre idéologie que toi ne devrait pas le savoir, ou en concevoir de la gêne, parce qu’il pourrait en tirer de l’hostilité, ou du malaise, et ça pourrait nuire à son apprentissage, à la crédibilité qu’il accorde à ta parole. La neutralité permet d’avoir la confiance de tous. De façon plus large, les débats politiques, ça se fait entre pairs, et les élèves ne sont pas tes pairs : ta parole a l’autorité conférée par ta fonction, soit cette autorité sera mise à mal, soit elle sera utilisée de façon déloyale pour affirmer tes idées, non ?
En ce sens, j’ai une conception de la neutralité peut-être assez proche de celle de la neutralité médicale/paramédicale, ou de la croix-rouge. Et du coup, je ne trouve pas que ça soit du flanc. Autant par respect des bénéficaires que par intérêt (pour pouvoir mener sa mission à bien), la neutralité me semble saine. Et parfois, être neutre c’est dur, parce qu’on est touché : mais c’est justement dans les moments durs que c’est le plus important.
Pourquoi ? C’est une question sincère, parce que je ne comprends pas pourquoi tu te sens devoir affirmer des détails qui concernent ta personne, à des élèves. À la limite, ça dépasse la neutralité, c’est carrément le sujet du cours (ou d’une partie du cours, ou d’une discussion scolaire) : c’est pas toi, en principe, « je » n’est pas une partie du programme. En quoi serait-ce problématique que tes élèves ne sachent pas que tu es de gauche, ou qu’ils puissent s’imaginer des choses fausses à propos de tes opinions politiques ?Seifer a écrit:Quand des élèves m'avaient questionné sur la primaire de la droite et du centre, j'ai répondu que jamais je ne voterai pour un parti de droite.
Si des élèves te demandent des informations sur tes opinions/pratiques politiques, c’est quand même largement possible de leur expliquer que ça ne va pas être possible de répondre dans le cadre scolaire, ou plus largement dans le cadre de la relation que tu entretiens avec eux (je veux dire, c’est pas juste « on est dans une salle de cours, sortons-en et parlons », mais plus largement le fait que vous ne vous connaissiez que parce qu’ils sont élèves et que tu es prof). Et ça ne porte absolument pas atteinte à ton intégrité de le faire.
Je trouve ça aussi gênant, mais pour une autre raison : l’histoire n’a pas à être instrumentalisée, à être mise en parallèle avec le présent et « nos politiciens ». Autant, je ne trouve pas ça choquant d’étudier l’image d’un individu dans l’histoire et l’historiographie et de montrer que cette image est influencée par le genre de cet individu (ça, c’est un discours potentiellement scientifique), et je trouve ça bien de présenter des personnages historiques féminins, de souligner leur rôle, etc., autant faut que ça reste de l’histoire, et pas un plaidoyer idéologique.Seifer a écrit:J'ai raconté l'histoire de Wu Zetian, seule impératrice chinoise de l'histoire, à mes élèves la semaine dernière, j'ai également fait des parallèles avec nos politiciens parce qu'elle a mené des actions contre le pouvoir en place avant et a mené une avancée sociale, notamment à cette époque là.
C’est toujours possible qu’on ait, inconsciemment, une vision orientée de l’histoire, à cause de préjugés, même chez les historiens les plus sincères, et c’est également complètement légitime de souligner, dans le cadre d’un discours scientifique, ces biais, quand on les découvre. Par contre, avoir volontairement un discours politique à connotation historique, ce n’est plus de l’histoire, c’est de la politique.
C’est ça. Les autres ont une vision partiale et polémique de l’histoire, soyons aussi nuls qu’eux. Genre, ça fait 200 ans que cette :censure: de révolution est bouclée, et ça ne serait pas possible de faire de l’HISTOIRE, maintenant, plutôt qu’un match entre anti et pro ?! Le but, c’est pas de juger, pour déterminer qui sont les gentils, qui sont les méchants.Seifer a écrit:Bref, on peut voir que le patriarcat libéral lorsqu'il est mis à mal est directement déprécié, même notre Révolution, ça a beau être un symbole, on en garde en souvenir chez pas mal de personnes que se sont les révolutionnaires qui ont coupé des têtes. Alors que les actes des versaillais avant, non, ça n'existe pas.
C’est la même chose pour Voltaire. Il y a effectivement une lecture orientée de Voltaire (d’ailleurs, ce n’est peut-être même pas une lecture, parce que des tas de gens louent Voltaire sans en avoir lu plus de deux lignes), okay. Et alors ? Si on fait preuve de rigueur intellectuelle, on n’a pas à prendre parti pour ou contre : on lit ce qu’il a écrit, pas plus, pas moins, et on le prend pour ce que c’est, c’est-à-dire un auteur d’il y a plusieurs siècles. Donc on évite de le juger (que ça soit en bien ou en mal) avec les valeurs d’aujourd’hui.
Ben, pourquoi ne peux-tu pas être neutre ? À la limite, je ne vois même pas ce que ça changera quant à l’inquiétude de l’élève, que de savoir qu’un de ses profs trouve que Le Pen pas beau pas gentil. C’est pas toi tout seul qui vas arrêter de tes petits bras musclés une loi, aussi inique soit-elle, si elle est votée. Par contre, en étant factuel et neutre, y a quand même de quoi répondre à l’inquiétude de l’élève (Le Pen n’est pas élue. Et même si elle était élue, toutes les promesses de campagne ne sont pas tenues. Et même si elle y tenait tout particulièrement, la France est liée par des lois nationales et internationales qui seraient compliquées à détricoter).Seifer a écrit:Où est-ce que je peux être neutre quand une gosse (adorable qui plus est) de je ne sais quelle nationalité est venue me demander si elle ne sera plus scolarisée gratuitement dans l'éventualité où Le Pen passe ?
Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas ton absence de neutralité et l’expression de ton indignation dans le cadre scolaire qui va changer quoi que ce soit, ni aux inquiétudes de l’élèves, ni au climat politique du pays ou aux lois futures.
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- Spoiler:
- monseigneurHabitué du forum
Dimka a écrit:
Je ne crois pas que la neutralité, ça soit plus ou moins. C’est tout ou rien. On est neutre, ou on ne l’est pas.
Et je trouve que la neutralité est une condition de l’enseignement. D’un point de vue ethique : les parents confient leurs enfants à l’État, ils jouent le jeu, donc l’État doit jouer le jeu (et ses agents avec lui). L’autorité conférée au prof ne devrait pas être détournée à des fins idéologiques personnelles, c’est une question de déontologie.
Et d’un point de vue pratique : un élève qui serait sur une autre idéologie que toi ne devrait pas le savoir, ou en concevoir de la gêne, parce qu’il pourrait en tirer de l’hostilité, ou du malaise, et ça pourrait nuire à son apprentissage, à la crédibilité qu’il accorde à ta parole. La neutralité permet d’avoir la confiance de tous.
Si je suis ton raisonnement, cela signifie qu'un prof ne devrait pas se militer ni se présenter à une élection (ou alors sous l'étiquette d'un "parti neutre"), car alors la neutralité ne serait pas respectée, les élèves et les parents étant au courant de ses convictions politiques. J'avoue que cela me laisse perplexe...
- DimkaVénérable
Non, ça ne suit pas mon raisonnement, parce que mon raisonnement a été écrit en réponse à un message initial qui parlait d’une situation particulière, et donc que je n’ai pas développé toutes les autres situations particulières différentes possibles et imaginables.monseigneur a écrit:Si je suis ton raisonnement, cela signifie qu'un prof ne devrait pas se militer ni se présenter à une élection (ou alors sous l'étiquette d'un "parti neutre"), car alors la neutralité ne serait pas respectée, les élèves et les parents étant au courant de ses convictions politiques. J'avoue que cela me laisse perplexe...
Par ailleurs, j’ai précisé que c’est dans le cadre de la relation scolaire. Un élève qui te connaît parce que tu es son prof, c’est le cadre de la relation scolaire. Un élève qui te connaît en plus de cela parce que tu passes à la télé, au journal, dans une réunion publique, sur un tract (ou parce que tes enfants sont amis avec lui, ou que sais-je encore)… c’est hors de la relation scolaire (il te connaît deux fois : dans la relation scolaire ET dans le cadre de ta vie publique).
Mais puisqu’il est question de cette situation, je suppose justement qu’un prof militant (ou n’importe quoi…) qui verrait ce fait mentionné par un élève aurait tout intérêt à clairement affirmer le cloisonnement entre lui dans la salle de classe et lui ailleurs, et à expliciter cette neutralité qui ne serait plus acquise de fait.
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- Spoiler:
- monseigneurHabitué du forum
D'accord, dans ta réponse ce point ne me semblait pas clair, merci de la précision.
- User17706Bon génie
Oui, mais il convient de souligner que le texte, heureusement, ne parle ni d'impartialité ni de neutralité --- et de fait, c'est bien différent de la tolérance et de l'objectivité.Chamil a écrit: A ce propos, la recherche de la tolérance et d'objectivité est un élément clé (mais souvent méconnu) du statut des enseignants-chercheurs.
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006064492&dateTexte=20090901
- sinon :
- Marie LaetitiaBon génie
Dimka a écrit:Bonsoir,
Je trouve ton discours un peu gênant (enfin, je ne suis pas d’accord, quoi), pour plusieurs raisons.Je ne crois pas que la neutralité, ça soit plus ou moins. C’est tout ou rien. On est neutre, ou on ne l’est pas.Seifer a écrit:Je me demande jusqu'où va votre neutralité et ce qu'elle correspond pour vous. Pour moi c'est du flanc.
Et je trouve que la neutralité est une condition de l’enseignement. D’un point de vue ethique : les parents confient leurs enfants à l’État, ils jouent le jeu, donc l’État doit jouer le jeu (et ses agents avec lui). L’autorité conférée au prof ne devrait pas être détournée à des fins idéologiques personnelles, c’est une question de déontologie.
Et d’un point de vue pratique : un élève qui serait sur une autre idéologie que toi ne devrait pas le savoir, ou en concevoir de la gêne, parce qu’il pourrait en tirer de l’hostilité, ou du malaise, et ça pourrait nuire à son apprentissage, à la crédibilité qu’il accorde à ta parole. La neutralité permet d’avoir la confiance de tous. De façon plus large, les débats politiques, ça se fait entre pairs, et les élèves ne sont pas tes pairs : ta parole a l’autorité conférée par ta fonction, soit cette autorité sera mise à mal, soit elle sera utilisée de façon déloyale pour affirmer tes idées, non ?
En ce sens, j’ai une conception de la neutralité peut-être assez proche de celle de la neutralité médicale/paramédicale, ou de la croix-rouge. Et du coup, je ne trouve pas que ça soit du flanc. Autant par respect des bénéficaires que par intérêt (pour pouvoir mener sa mission à bien), la neutralité me semble saine. Et parfois, être neutre c’est dur, parce qu’on est touché : mais c’est justement dans les moments durs que c’est le plus important.Pourquoi ? C’est une question sincère, parce que je ne comprends pas pourquoi tu te sens devoir affirmer des détails qui concernent ta personne, à des élèves. À la limite, ça dépasse la neutralité, c’est carrément le sujet du cours (ou d’une partie du cours, ou d’une discussion scolaire) : c’est pas toi, en principe, « je » n’est pas une partie du programme. En quoi serait-ce problématique que tes élèves ne sachent pas que tu es de gauche, ou qu’ils puissent s’imaginer des choses fausses à propos de tes opinions politiques ?Seifer a écrit:Quand des élèves m'avaient questionné sur la primaire de la droite et du centre, j'ai répondu que jamais je ne voterai pour un parti de droite.
Si des élèves te demandent des informations sur tes opinions/pratiques politiques, c’est quand même largement possible de leur expliquer que ça ne va pas être possible de répondre dans le cadre scolaire, ou plus largement dans le cadre de la relation que tu entretiens avec eux (je veux dire, c’est pas juste « on est dans une salle de cours, sortons-en et parlons », mais plus largement le fait que vous ne vous connaissiez que parce qu’ils sont élèves et que tu es prof). Et ça ne porte absolument pas atteinte à ton intégrité de le faire.Je trouve ça aussi gênant, mais pour une autre raison : l’histoire n’a pas à être instrumentalisée, à être mise en parallèle avec le présent et « nos politiciens ». Autant, je ne trouve pas ça choquant d’étudier l’image d’un individu dans l’histoire et l’historiographie et de montrer que cette image est influencée par le genre de cet individu (ça, c’est un discours potentiellement scientifique), et je trouve ça bien de présenter des personnages historiques féminins, de souligner leur rôle, etc., autant faut que ça reste de l’histoire, et pas un plaidoyer idéologique.Seifer a écrit:J'ai raconté l'histoire de Wu Zetian, seule impératrice chinoise de l'histoire, à mes élèves la semaine dernière, j'ai également fait des parallèles avec nos politiciens parce qu'elle a mené des actions contre le pouvoir en place avant et a mené une avancée sociale, notamment à cette époque là.
C’est toujours possible qu’on ait, inconsciemment, une vision orientée de l’histoire, à cause de préjugés, même chez les historiens les plus sincères, et c’est également complètement légitime de souligner, dans le cadre d’un discours scientifique, ces biais, quand on les découvre. Par contre, avoir volontairement un discours politique à connotation historique, ce n’est plus de l’histoire, c’est de la politique.C’est ça. Les autres ont une vision partiale et polémique de l’histoire, soyons aussi nuls qu’eux. Genre, ça fait 200 ans que cette :censure: de révolution est bouclée, et ça ne serait pas possible de faire de l’HISTOIRE, maintenant, plutôt qu’un match entre anti et pro ?! Le but, c’est pas de juger, pour déterminer qui sont les gentils, qui sont les méchants.Seifer a écrit:Bref, on peut voir que le patriarcat libéral lorsqu'il est mis à mal est directement déprécié, même notre Révolution, ça a beau être un symbole, on en garde en souvenir chez pas mal de personnes que se sont les révolutionnaires qui ont coupé des têtes. Alors que les actes des versaillais avant, non, ça n'existe pas.
C’est la même chose pour Voltaire. Il y a effectivement une lecture orientée de Voltaire (d’ailleurs, ce n’est peut-être même pas une lecture, parce que des tas de gens louent Voltaire sans en avoir lu plus de deux lignes), okay. Et alors ? Si on fait preuve de rigueur intellectuelle, on n’a pas à prendre parti pour ou contre : on lit ce qu’il a écrit, pas plus, pas moins, et on le prend pour ce que c’est, c’est-à-dire un auteur d’il y a plusieurs siècles. Donc on évite de le juger (que ça soit en bien ou en mal) avec les valeurs d’aujourd’hui.Ben, pourquoi ne peux-tu pas être neutre ? À la limite, je ne vois même pas ce que ça changera quant à l’inquiétude de l’élève, que de savoir qu’un de ses profs trouve que Le Pen pas beau pas gentil. C’est pas toi tout seul qui vas arrêter de tes petits bras musclés une loi, aussi inique soit-elle, si elle est votée. Par contre, en étant factuel et neutre, y a quand même de quoi répondre à l’inquiétude de l’élève (Le Pen n’est pas élue. Et même si elle était élue, toutes les promesses de campagne ne sont pas tenues. Et même si elle y tenait tout particulièrement, la France est liée par des lois nationales et internationales qui seraient compliquées à détricoter).Seifer a écrit:Où est-ce que je peux être neutre quand une gosse (adorable qui plus est) de je ne sais quelle nationalité est venue me demander si elle ne sera plus scolarisée gratuitement dans l'éventualité où Le Pen passe ?
Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas ton absence de neutralité et l’expression de ton indignation dans le cadre scolaire qui va changer quoi que ce soit, ni aux inquiétudes de l’élèves, ni au climat politique du pays ou aux lois futures.
Dans mes bras, Le Tigre!
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- Université de La Réunion : Virginie Chaillou-Atrous refusée comme maître de conférence.
- Il braque son enseignante en classe pour qu'elle le note présent
- Enseignante suspendue à Nancy: Elle est réintégrée dans une nouvelle affectation
- Convoquée dans un lycée privé pour les oraux du bac, une enseignante retire elle-même le crucifix accroché au mur malgré le refus du proviseur.
- Collège Paul-Langevin (Ville-la-Grand, 74) : un élève insulte violemment une enseignante, et menace de la frapper à coups de pied lorsqu'elle tombe à terre.
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