Stagiaire et manque de confiance

Bonsoir,

je suis stagiaire et, après quelques cours, je sens que ma confiance me fait déjà défaut. Pour résumer les choses point par point, je dirais que:

- j'ai peur de faire des cours qui ne soient pas adaptés au niveau des élèves: j'ai pu voir que certains élèves ont retenu une partie de ce qu'ils ont vu au collège alors que d'autres ont de sérieuses lacunes. Je n'aimerais pas non plus que mes cours soient ennuyants.
- je ne sais pas si je vais m'en sortir au niveau de l'organisation. C'est tout bête mais je n'ai pas du tout d'avance. Pour l'instant, j'en suis évidement à la séquence 1 avec mes deux niveaux et, de mon côté, j'en suis encore à préparer ces séquences. Je me demande si cela va être comme ça toute l'année.
- je me pose aussi des questions sur l'autorité face aux élèves. Je comprends que cela s'apprend mais j'aimerais bien savoir comment cela s'apprend  

Je cherche donc des témoignages / conseils de la part de personnes qui sont passés par là.
Peut-être que certains profs stagiaires sont plus ou moins dans le même cas que moi?

C'est normal
Tu vas être effectivement à la bourre une bonne partie de l'année, ce n'est pas grave, tu es en train d'apprendre. Pense que les profs qui ont un peu d'expérience peuvent recycler des cours et ne partent pas de 0.
L'autorité, ça se construit peu à peu, sur le tas. Il faut que tu aies confiance en toi, les élèves sentent quand tu n'es pas sûre de toi. Juste un conseil : fais toujours ce que tu annonces, ne menace pas en l'air.

soyyo a écrit:Bonsoir,

je suis stagiaire et, après quelques cours, je sens que ma confiance me fait déjà défaut. Pour résumer les choses point par point, je dirais que:

- j'ai peur de faire des cours qui ne soient pas adaptés au niveau des élèves: j'ai pu voir que certains élèves ont retenu une partie de ce qu'ils ont vu au collège alors que d'autres ont de sérieuses lacunes. Je n'aimerais pas non plus que mes cours soient ennuyants.
- je ne sais pas si je vais m'en sortir au niveau de l'organisation. C'est tout bête mais je n'ai pas du tout d'avance. Pour l'instant, j'en suis évidement à la séquence 1 avec mes deux niveaux et, de mon côté, j'en suis encore à préparer ces séquences. Je me demande si cela va être comme ça toute l'année.
- je me pose aussi des questions sur l'autorité face aux élèves. Je comprends que cela s'apprend mais j'aimerais bien savoir comment cela s'apprend  

Je cherche donc des témoignages / conseils de la part de personnes qui sont passés par là.
Peut-être que certains profs stagiaires sont plus ou moins dans le même cas que moi?

Bonjour Soyyo: pour l'autorité, c'est simple: c'est ton savoir et sa maitrise qui fonde ton autorité. Pour cela, il faut être sûr de son enseignement... du moins devant les élèves. Les élèves ne doivent pas sentir que tu doutes, sinon tu perds en autorité. C'est comme un jeu de rôle, un état d'esprit: tu dois faire sentir aux que tu es un professeur exceptionnel, avec une culture exceptionnelle, et avec un cours exceptionnel et dont tu es fier. La remise en cause de ton cours devant les élèves est à proscrire. Et bien sur qu'en dehors il faut sans cesse se remettre en question.

Que dire si le niveau de ton cours est trop élevé? Que tu les estimes dignes de suivre un cours exigeant et que c'est l'exigence qui fait progresser. Je le leur dit parfois quand un élève me fait une réflexion. Il y a toujours une phase d'ajustement en début qui est normale et pour tous les collègues sans exceptions. Il ne faut pas te culpabiliser pour ça.

Idem.
Et si certains ont retenu les cours du collège, prends appui sur eux, en exigeant qu'ils participent davantage et aident leurs camarades (la coopération c'est à la mode ; le "pair work" comme disent les profs d'anglais, il doit y avoir l'équivalent en espagnol ).
Le plus important pour toi, et je sais combien c'est facile à dire, et parfois difficile à entendre, est de garder confiance. De repenser à la confiance et à l'envie des premières heures! Et que même si l'EN a du mal à recruter, elle ne prend pas n'importe qui! Tu es donc à ta place, même si ça te bouffe la vie en préparations et corrections et réunions (sans compter l'ESPE sinon c'est pô drôle). J'espère que tu vas vite avoir quelques heures qui vont bien se passer et te donner l'impression que ça en vaut le coup!

Merci Jenny et Gauvain pour vos messages.
Ce que vous dites semble tellement évident mais cela m'est utile de lire ce que vous pensez: ne pas menacer en l'air, ne pas remettre mon travail en cause devant eux.

Maintenant, il s'agit de trouver le juste milieu pour l'autorité (pas trop gentille mais pas trop sévère). Il faut déjà que je prenne le temps de rencontrer personnellement la CPE pour que l'on puisse échanger sur ce point.

Jenny a écrit:C'est normal
Tu vas être effectivement à la bourre une bonne partie de l'année, ce n'est pas grave, tu es en train d'apprendre.

C'est en quelque sorte rassurant que tu me dises que c'est normal... mais je dois avouer que ça ne me réjouit pas du tout de me dire que ça va être comme ça durant les mois à venir

Grrrrr, j'ai songé à m'appuyer sur ceux qui s'en sortent mieux mais mes charmants IPR ont bien rappelé qu'il faut faire participer tout le monde autant, qu'il faudrait même solliciter ceux qui ont le moins envie de participer et/ou qui ont le plus de difficultés (et donc laisser les meilleurs s'ennuyer?)

Soyyo, je viens de finir de préparer mes cours pour demain. Je compte sur la lenteur des élèves pour ne pas avoir à trop meubler et improviser et je crois qu'on est tous dans ce cas, à part quelques irréductibles chanceux qui savaient comment faire des cours et qui ont pris sur le temps de vacances pour s'avancer et les gens super efficaces.

Bon courage, si c'est dur pour toi, c'est aussi dur pour tous les stagiaires !

Tu dois être ferme dès le début, montrer que tu ne laisseras rien passer mais que tu seras juste.ex: avertissement oral, puis mettre le carnet sur le coin de ton bureau ensuite mettre le mot.
Un truc que j'utilise aussi: sans rien dire, je compte lentement et ostensiblement jusqu'à 3 avec mes doigts et quand j'arrive à 3, ceux qui font encore du bruit sont punis. Il y en a toujours un ou deux qui le voient et qui font chut. Évidemment il faut avertir les élèves dès le début de l'année et depuis 10 ans que je fais ça, ça a toujours marché.
Courage, tu y arriveras!

soyyo a écrit:Grrrrr, j'ai songé à m'appuyer sur ceux qui s'en sortent mieux mais mes charmants IPR ont bien rappelé qu'il faut faire participer tout le monde autant, qu'il faudrait même solliciter ceux qui ont le moins envie de participer et/ou qui ont le plus de difficultés (et donc laisser les meilleurs s'ennuyer?)

Souvenez vous que les IPR n'ont jamais à mettre en pratique eux même leurs beaux principes. Donc lorsque ces gens vous sonnent des conseils, répondez "oui chef" et continuez à faire comme vous le pouvez.
En ce qui concerne la participation, il y a toujours dans une classe quelques élèves qui ne s'intéressent absolument pas à la matière mais qui ont le bon goût de se faire tout petits dans leur coin. Faites comme vos collègues plus expérimentés. Laissez les tranquilles.

En fait, c'est normal de douter et d'avoir le sentiment de manquer de confiance quand on rencontre une situation nouvelle. Et là, tout est nouveau ! Le job, les classes, l'établissement, etc...
Afficher une attitude sûre de toi, ça peut aider, ponctuellement, comme recommandé plus haut. Mais en réalité, je pense que la vrai assurance n'est pas synonyme d'infaillibilité et que quand on a l'assurance intérieure suffisante on peut montrer ses moments de doutes et ses lacunes. Le prof est humain, en somme, tout simplement. Et ça passe très bien.

Une vidéo à la fois marrante et instructive sur la fameuse confiance en soi.

Bonjour à tous, je suis aussi stagiaire.

Je m'interroge aussi sur cette question de l'autorité pour finalement faire cours comme je suis naturellement. Je ne joue pas.

Je dirais avant tout que notre attitude doit surtout être constante, les règles les mêmes pour tous, ne pas être dans la menace, avertir 1 fois, 2 fois puis là ça tombe.
Je pense que si ns sommes capables de "baliser" nos cours avec des repères stables, réguliers alors les élèves vont moins chercher à jouer avec le cadre car celui ci est posé, figé.
Le respect des élèves envers le prof naît aussi de la confiance qui va s'instaurer entre prof et classe.

neomath a écrit:Souvenez vous que les IPR n'ont jamais à mettre en pratique eux même leurs beaux principes. Donc lorsque ces gens vous sonnent des conseils, répondez "oui chef" et continuez à faire comme vous le pouvez.

Quand je repense à tout ce qu'ils nous demandent de faire... j'ai quand même quelques doutes sur la faisabilité de leur vision du cours En tout cas, merci du conseil. Le jour de l'inspection, si cela ne se passera comme l'IPR le voudra, je lui dirai ce qu'il voudra entendre en croisant les doigts pour que ça passe.

Pseudo a écrit:En fait, c'est normal de douter et d'avoir le sentiment de manquer de confiance quand on rencontre une situation nouvelle. Et là, tout est nouveau ! Le job, les classes, l'établissement, etc...

Oui, il faut que j'apprenne tout. Je verrai les choses différemment le jour où je commencerai à avoir un peu l'habitude d'enseigner.

Je te conseille vivement de lire si tu peux te dégager un peu de temps :
"Gestion de classe et d'élèves difficiles" de Jean Claude Richoz aux éditions Favre.
Ce bouquin est une bible et donne pleins de pistes pour une bonne remise en question sur son attitude face aux élèves et aussi comment mieux les gérer.

Soyyo, appuie-toi sur ceux qui savent pour poser/réactiver le vocabulaire, les structures ou pour avancer dans le document (comme ça ils ne s'ennuient pas et ça les valorise) et fais répéter ceux qui rament. Pour la reprise au cours suivant, essaie de les interroger en priorité. Si tu leur fais faire un exo ou un peu d'expression écrite, passe dans les rangs, aide les plus faibles et donne-leur la parole au moment de la correction (ça les valorisera). Fais-les lire (si le document a déjà été lu et expliqué) aussi.

Pour la confiance en soi, comme dit pseudo, c'est normal de douter et de patauger au démarrage, tout est nouveau pour toi et ce boulot est loin d'être évident en plus. Ne te dévalorise pas, ça arrive même aux plus expérimentés de douter et de faire des cours bof bof, ça fait partie du métier.

Si tu as besoin d'idées de séquences et de documents (le nombre d'heures que j'ai pu perdre à chercher des docs au début!), n'hésite pas à demander sur le forum! Ca dépanne bien parfois

Soyyo, c'est totalement normal de te sentir submergée à ce stade de l'année de stage. Tout est nouveau, on a l'impression que tout le monde maîtrise sauf nous, et finalement, on se rend vite compte que beaucoup de collègues travaillent à flux tendu, que même au bout de dix ou vingt ans il arrive encore de se remettre en question face à une classe ou un élève difficile et que toutes les attentes et injonctions de l'ESPE ou des IPR n'ont pas besoin d'être suivies à la lettre.
Peu à peu, tu vas apprendre à préparer tes cours de façon plus efficace ; tu parviendras même peut-être à t'avancer durant les vacances. Mais profite aussi de l'aide de tes collègues : lors de mon année de stage, emprunter certains documents à des collègues m'a parfois permis de passer moins de temps sur une préparation pour rattraper un peu de sommeil.
Enfin, ne te culpabilise surtout pas parce que les choses ne sont pas parfaites, ou parce que tu as l'impression de ne pas être à la hauteur. Le stage est une période d'ajustement, il y aura donc toujours des choses qui ne seront pas au point. Mais au fond, ce qu'il faut apprendre, je pense, c'est l'art de l'improvisation, car l'intérêt de ce métier, c'est quand même qu'il contient une grande part d'imprévisible !

soyyo a écrit:Bonsoir,

je suis stagiaire et, après quelques cours, je sens que ma confiance me fait déjà défaut. Pour résumer les choses point par point, je dirais que:

- j'ai peur de faire des cours qui ne soient pas adaptés au niveau des élèves: j'ai pu voir que certains élèves ont retenu une partie de ce qu'ils ont vu au collège alors que d'autres ont de sérieuses lacunes. Je n'aimerais pas non plus que mes cours soient ennuyants.
- je ne sais pas si je vais m'en sortir au niveau de l'organisation. C'est tout bête mais je n'ai pas du tout d'avance. Pour l'instant, j'en suis évidement à la séquence 1 avec mes deux niveaux et, de mon côté, j'en suis encore à préparer ces séquences. Je me demande si cela va être comme ça toute l'année.
- je me pose aussi des questions sur l'autorité face aux élèves. Je comprends que cela s'apprend mais j'aimerais bien savoir comment cela s'apprend  

Je cherche donc des témoignages / conseils de la part de personnes qui sont passés par là.
Peut-être que certains profs stagiaires sont plus ou moins dans le même cas que moi?

comme tout prof. débutant.. il faut bien 2-3 ans pour ne pas "toujours à la bourre"... et encore à condition d'avoir les mêmes niveaux...

eleonore69 a écrit:comme tout prof. débutant.. il faut bien 2-3 ans pour ne pas "toujours à la bourre"... et encore à condition d'avoir les mêmes niveaux...

Ou de ne pas changer de programme...

soyyo a écrit:

Jenny a écrit:C'est normal
Tu vas être effectivement à la bourre une bonne partie de l'année, ce n'est pas grave, tu es en train d'apprendre.

C'est en quelque sorte rassurant que tu me dises que c'est normal... mais je dois avouer que ça ne me réjouit pas du tout de me dire que ça va être comme ça durant les mois à venir

Il faut déculpabiliser, ça s'arrange progressivement.
Petit à petit, j'ai réussi à finir moins tard le soir (je suis passée de 2h du mat à minuit, puis maintenant à 22h maxi j'arrête) et à avoir une demi-journée puis une journée où je ne travaille pas du tout pour le collège.
Les programmes viennent de changer, avec un peu de chance, tu n'auras pas trop de nouveaux cours à préparer l'an prochain.

Bon... J'avais lu ce post en me disant que tout allait bien ...

Sauf que, j'ai reçu le point de vue de mon tuteur sur le premier travail que je voulais proposer à mes 6°, et là c'est le drame !

J'ai l'impression d'être un peu nulle, et ce malgré mon expérience ...

Mais non. C'est normal, ne t'inquiète pas. Retourne ses critiques en remarque. Personne ne fait le cours parfait.
Tu respires un bon coup, lis et essayes de comprendre ses remarques.
D'ailleurs, ne vois pas ça comme des critiques mais des conseils.

Merci, mais c'est pas facile... J'ai passé mon week-end sur des séquences de 3° - 4°... Et je suis un peu découragée parce qu'il faut refaire celle de 6°

Je vais finir par improviser, en culpabilisant...

Je me doute oui. Cela fait encore plus bizarre quant on a déjà de l'expérience.
Comment travailles-tu avec ton tuteur ? Uniquement par mail ?
Tu es donc à 18h je pense.
Travaille peut-être pour aujourd'hui les 2ères séances. Tu verras le reste, plus tard.

Dadoo33 a écrit:Mais non. C'est normal, ne t'inquiète pas. Retourne ses critiques en remarque. Personne ne fait le cours parfait.
Tu respires un bon coup, lis et essayes de comprendre ses remarques.
D'ailleurs, ne vois pas ça comme des critiques mais des conseils.

Écoute les conseils de dadoo33 ! Elle est d une grande aide !

Coucou !

Je me joins à vous ! Me voilà professeur d'anglais après 8 ans d'expérience en tant que PE. Eh bien, la claque !!!
Les ados ne se gèrent pas du tout comme des écoliers. Bon, j'ai l'impression de dire une évidence, j'en étais consciente, mais ça fait drôle de le vivre en fait.

Je crois que j'ai du mal avec la discipline du collège, j'ai l'habitude de régler mes petits problèmes toute seule et je n'ai pas l'habitude des élèves qui font de la provoc. En plus, ils me testent puisque je suis nouvelle dans le collège. Bon, l'avantage, c'est que personne ne pense que je suis stagiaire !

Vendredi j'ai eu le sentiment que les quatrièmes m'avaient prise en grippe alors qu'une des classes de cinquième donne l'impression de beaucoup apprécier le cours d'anglais. C'est très déstabilisant.

Et puis, comme beaucoup ici, je suis en flux tendu, je prépare de la veille pour le lendemain sans visibilité. Ça me fait vraiment bizarre. J'ai l'impression de faire des erreurs de débutante et je déteste ça.

Bon, ça va venir je suppose, mais je dois avouer que je suis un peu chamboulée. La joie d'avoir réussi le CAPES me semble bien lointaine...