Et les profs d'allemand en 2016 ? Silence. Les médecins sont prêts. Ecole primaire ou autre discipline pour compléter le service (p.12)

Avec la réforme et la fonte des heures d'allemand (et autres langues "rares" comme l'italien), je me demande ce que le Ministère va faire. Dans un premier temps, écarteler ces enseignants sur trois établissements en zones rurales, bon ce n'est pas bien grave, plein de collègues le font déjà n'est-ce pas...
Trois établissements? Oui, une classe de LV2 par niveau, cela représente 7,5h à faire. Or, le service est de 18h. Youpi.
La première étape est donc prévisible.
Oui mais voilà, en se retrouvant uniquement en LV2, l'allemand sera face à l'espagnol (choix de la lv2 simultané), et je n'ai rien contre l'espagnol, mais je constate qu'en lv2 l'allemand ne tient pas en terme d'effectifs face à l'espagnol. Ou plutôt que les effectifs sont insuffisants pour maintenir un groupe.
Bref, petit à petit, cette matière devrait au pire simplement disparaitre, au mieux être réduite à une peau de chagrin.
Et pour l'instant, le Ministère n'a pas communiqué quoi que ce soit en direction des enseignants sur les perceptives d'avenir du métier.

Que va-t-on nous faire faire?

Je doute que la France puisse se permettre diplomatiquement de supprimer complètement l'allemand dans les établissements scolaires français. Que diraient les Allemands? Des suppressions de poste peut-être, l'allemand moins présent c'est probable aussi mais je ne crois pas du tout à une suppression complète (tout en comprenant bien votre inquiétude).

N'empêche, quelle connerie monumentale quand on connaît le poids économique de l'Allemagne (et aussi les opportunités en Suisse allemande).
Certains prétendront que l'anglais suffit pour s'en sortir avec les pays germanophones, mais ils se mettent le doigt dans l’œil bien profond.

K

Il faut se battre, sinon l'allemand va devenir une langue niche comme le russe -- sauf peut-être dans les régions frontalières. Quand Allègre s'est fait le russe, les collègues ont été forcés de changer de matière ou d'accepter des postes de documentaliste. Une de mes amies d'amies avait exigé une formation de PE de maternelle (à quelques années de la retraite) pour faire ch** le plus possible. Elle l'a obtenue puis un poste, et elle s'est trouvée satisfaite, mais quel gâchis global.
Je ne veux pas voir ça une deuxième fois. Hors de question.

Sans vouloir être alarmiste, je me rappelle avoir croisé à l'IUFM, l'année de mon stage,une collègue de russe, qui avait un an - j'ignore dans quel dispositif, mais elle ne semblait pas vraiment ravie - pour devenir enseignante ...d'espagnol.

Je suis dégoûtée. Personnellement je suis protégée avec un poste sûr mais quand je vois mes collègues des collèges à côté qui font un super boulot, qui m'envoient des élèves gonflés à bloc et ayant déjà fait trois échanges. On leur prend les bilangues, on leur prend les européennes. Notre vivier  (parents voulant que leurs gosses aient une bonne scolarité de collège en banlieue pas très favorisée ) va partir dans le privé et elles vont se trouver en situation inconfortable avec service partage plus un intense sentiment d'amertume. Je parle de deux collègues que je connais très bien mais, il y en a des milliers qui vont être touchés.
Je suis furieuse, c'est dégueulasse.

Florestan, je partage ta rage.

Botchan a écrit:Je doute que la France puisse se permettre diplomatiquement de supprimer complètement l'allemand dans les établissements scolaires français.

C'est plus pernicieux que cela. Le gouvernement n'a même pas besoin d'annoncer une suppression de l'allemand, pour que l'allemand disparaisse.
De fait, les effectifs en allemand lv2 fondent, du fait de la concurrence directe avec l'espagnol au moment du choix de la lv2 (je résume la situation, en précisant cependant que ce phénomène s'accentue dans les petits collèges et collèges de taille moyenne). Je ne compte plus le nombre de sections lv2 qui ont fermé dans mon académie.
La bilangue, avec son démarrage deux ans avant l'espagnol dans beaucoup d'établissements permettait, quoi qu'on en pense (qu'on soit pour ou contre ce dispositif) d'avoir des élèves inscrits en allemand.
En supprimant la bilangue, on supprime cette "facilité".
Dans beaucoup d'établissement, la lv2 a déjà disparu.
Alors bon d'accord, on peut supposer que les actuels bilangues seront simplement appelés l'année prochaine "lv2" et qu'on aura droit à des regroupements ubuesques (enfin, ça on en a l'habitude, au lycée aussi d'ailleurs).
Oui mais voilà, pour les prochaines années, pour les prochaines élèves à trouver, on va être dans la situation que j'ai déjà décrite: concurrence espagnol/allemand.
Et je doute très fortement que "ceux qui se seraient inscrit en bilangue si elle avait existé s'inscriront en lv2allemand", je pense qu'ils iront dans le privé, pensant y trouver ce qu'ils cherchent.
Donc, et je termine là mon propos: le gouvernement n'a pas besoin d'annoncer officiellement les fermetures de classes. Elles se feront, comme elles se font maintenant en lv2, progressivement, avec la fonte des effectifs.

florestan a écrit:Notre vivier  (parents voulant que leurs gosses aient une bonne scolarité de collège en banlieue pas très favorisée ) va partir dans le privé et elles vont se trouver en situation inconfortable avec service partage plus un intense sentiment d'amertume.

Oui. Et vivier diminué = groupes de plus en plus petits = fermetures de classe.
Sans rire, si cette réforme passe, je pense que le Ministère va devoir très très sérieusement se poser la question de la reconvertion de nombreux professeurs de langues rares.

Avec l'idéologie qui règne actuellement, l'allemand est condamné. C'est une langue qui n'a pas la facilité de façade de l'espagnol, ni la force de domination de l'anglais (qui serait condamnée également si elle n'était si inévitable). Pour la petite histoire, même en Suisse romande, où l'allemand paraît on ne peut plus nécessaire, la difficulté de la langue est souvent décriée. La langue préférée des élèves est l'italien, que l'on peut plus aisément baragouiner. Une collègue d'allemand m'a un jour dit qu'on lui faisait parfois la remarque, parmi ses collègues, qu'elle enseignait une matière 'bête' puisqu'elle consistait essentiellement en un apprentissage par coeur.
Allez, ne perdons pas espoirt, on fera peut-être des EPI 'culture et civilisation allemande' (rien qu'avec la bière, on doit pouvoir faire de beaux EPI histoire, physique, svt).
Cela fait longtemps que les collègues d'allemand souffrent, et ce en dépit d'un investissement personnel souvent important, si j'en juge d'après ce que j'ai pu constater dans ma pratique professionnelle. Ils donnent d'ailleurs une leçon assez intéressante, avec leurs collègues latinistes: ils ont eu beau faire tout ce qui leur était demandé et plus encore, leur maître ne les a jamais traités avec plus de mansuétude. La réalité c'est que personne n'est protégé. Quand la valeur de la connaissance disparaît, l'argument même de l'utilité ne protège plus personne: les traitements de texte et les tableurs rendent ainsi, pour certains, la maîtrise du français et des mathématiques superflues.

laMiss a écrit:

florestan a écrit:Notre vivier  (parents voulant que leurs gosses aient une bonne scolarité de collège en banlieue pas très favorisée ) va partir dans le privé et elles vont se trouver en situation inconfortable avec service partage plus un intense sentiment d'amertume.

Oui. Et vivier diminué = groupes de plus en plus petits = fermetures de classe.
Sans rire, si cette réforme passe, je pense que le Ministère va devoir très très sérieusement se poser la question de la reconversion de nombreux professeurs de langues rares.

Magnifique réserve de chair à canon qui sera aussitôt recyclée en ESPE pour être envoyée "là où sont les vrais besoins"

Formateurs?

Dans ma ville, le collège privé vient d'ouvrir une 6ème bilangue anglais-allemand ! Avec l'idée de la maintenir à la rentrée prochaine, alors que la nôtre va disparaître !
Est-ce que ce sera possible ? De quel droit serait-elle maintenue, puisque c'est du privé sous contrat ?
Ma collègue d'allemand est écoeurée, et nous avec.

PS Une Segpa vient d'être fermée ici. Le même collège privé avait ouvert une segpa pile l'année avant.

laMiss a écrit:Formateurs?

Ne pensons pas tout de suite au pire. En même temps, quel saut qualitatif ce serait pour les formateurs

laMiss a écrit:Formateurs?

Avant que ne soient créées les bilangues, dispositif qui je pense avait relancé l'allemand, il y avait dans mon département trop de profs d'allemand.
Ils étaient 3 dans mon lycée, pour des heures raréfiées : à l'époque, on (par le biais du proviseur) leur a proposé 3 reconversions possibles : le concours de chef d'établissement, le FLE (français "langue étrangère"), se trouver soi-même de l'allemand à enseigner (écoles militaires, enseignement agricole...).

L'une, la plus jeune s'est recasée en école militaire, et ne l'a pas regretté, mais elle a dû déménager .
La Seconde a pris une CPA : cela existait à l'époque, cessation progressive d'activité, mi-temps payé à 80 %. ça, c'est fini...
Le 3ème a pris le mi-temps thérapeutique auquel il avait droit, et qu'il avait toujours repoussé.
Concrètement, le lycée est passé de 3 postes à l'équivalent d'un. + bouts de chandelle en compléments de service.

Effectivement, la situation n'est pas rose...

Qu'en disent SGEN et UNSA qui soutiennent la réforme ?

Honchamp a écrit:Dans ma ville, le collège privé vient d'ouvrir une 6ème bilangue anglais-allemand !

Voila, le but est atteint.

Je soutiens à fond mes collègues d'allemand , bien qu'étant prof d'espagnol . Courage !

Honchamp a écrit:Dans ma ville, le collège privé vient d'ouvrir une 6ème bilangue anglais-allemand ! Avec l'idée de la maintenir à la rentrée prochaine, alors que la nôtre va disparaître !
Est-ce que ce sera possible ? De quel droit serait-elle maintenue, puisque c'est du privé sous contrat ?
Ma collègue d'allemand est écoeurée, et nous avec.

La réforme s'applique aussi dans les établissements privés, à quelques clauses près. De mémoire, l'article qui concerne la bilangue concerne le privé et le public.
Cependant, il semblerait que les établissements privés bien portants pourraient financer ce qu'ils veulent sur leurs fonds propres. Je ne sais pas si quelqu'un peut confirmer ou infirmer l'info.

Merci palomita. Évidemment, nombreux sont les collègues de langues (toutes langues confondues) qui apportent leur soutien moral.

Honchamp a écrit:à l'époque, on (par le biais du proviseur) leur a proposé 3 reconversions possibles : le concours de chef d'établissement, le FLE (français "langue étrangère"), se trouver soi-même de l'allemand à enseigner (écoles militaires, enseignement agricole...).

Pour le FLE, malheureusement, l'accès aux formations risque d'être fort compromis cette année, étant donné qu'on va tous devoir se taper des formations-réformes. Par ailleurs, cela ne garantit nullement un poste fixe. Les collègues ont fait allemand et FLE ou abandonné l'allemand pour le FLE?

Reine Margot a écrit:

Honchamp a écrit:Dans ma ville, le collège privé vient d'ouvrir une 6ème bilangue anglais-allemand !

Voila, le but est atteint.

Le cauchemar des services partagés : même pas possible, puisque tous les profs d'allemand vont perdre des heures...

Si je fais de la promo pour recruter en LV2, c'est ma collègue d'espagnol qui perd des heures, et elle part en CDS. (Le plus vraisemblable, c'est qu'on soit toutes les deux en CDS...)

Pour le FLE, je m'étais renseignée il y a sept ans, on (IPR d'allemand et IPR de lettres) m'avait déconseillé : aucun débouché !

CDE ? Pour être obligé d'appliquer sans broncher des réformes inconscientes et délétères

Mais tout va bien, NVB renforce l'enseignement de l'allemand, et nous ne sommes que des profs défaitistes !

laMiss a écrit:
Les collègues ont fait allemand et FLE ou abandonné l'allemand pour le FLE?

Cela leur avait été suggéré : faire une formation FLE et abandonner l'allemand, aucun ne l'a fait.

La plus jeune s'est recasée dans une prépa intégrée militaire hors de l'académie (son poste était supprimé, le rectorat n'avait "rien à lui proposer". Elle n'était pas du style à rester chez elle , tout en étant payée, car elle était titulaire) .Les 2 autres n'étaient pas loin de la retraite. Comme expliqué plus haut, chacun a pris un mi-temps (CPA-qui n'existe plus- et mi-temps thérapeutique)

L'Alsace ne tenterait personne?
http://www.rue89strasbourg.com/index.php/2015/09/17/societe/penuries-denseignants-en-allemand-dans-les-classes-bilingues/

Honchamp a écrit:

laMiss a écrit:
Les collègues ont fait allemand et FLE ou abandonné l'allemand pour le FLE?

Cela leur avait été suggéré : faire une formation FLE et abandonner l'allemand, aucun ne l'a fait.

La plus jeune s'est recasée dans une prépa intégrée militaire hors de l'académie (son poste était supprimé, le rectorat n'avait "rien à lui proposer". Elle n'était pas du style à rester chez elle , tout en étant payée, car elle était titulaire) .Les 2 autres n'étaient pas loin de la retraite. Comme expliqué plus haut, chacun a pris un mi-temps (CPA-qui n'existe plus- et mi-temps thérapeutique)

Ce serait possible, ça ?  :shock:
Si par hasard c'était le cas, je n'aurais aucun scrupule à en profiter si on me sucrait mon poste à cause d' une :censure: réforme mal pensée.