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- sifiÉrudit
Aujourd'hui, nous avons eu une réunion pour une classe de sixième, afin de faire le point sur les suivis spécifiques.
Résultat, sur une classe de 30 élèves, au moins 8 élèves "à surveiller" pour troubles divers, dylslexie, troubles de l'attention, troubles du comportement, manque de suivi familial, niveau SEGPA refusé par la famille, etc, etc.
Pour chaque élève, il nous est expliqué qu'il faut vérifier qu'il a compris les consignes, faire des évaluations adaptées, des dictées aménagées, lui rappeler de se concentrer, etc, etc, etc...
Je ne sais pas quel est votre ressenti à ce niveau (d'où ce post), mais j'ai l'impression qu'on est supposés individualiser de plus en plus, dans des classes de plus en plus chargées. Je suis consciente que chaque élève est un individu différent, qui a besoin d'attention et d'intérêt, et c'est d'ailleurs tout l'intérêt de notre métier. Mais à ce stade, cela devient ingérable. Chacun de ces enfants à droit à de l'attention, mais cela devient techniquement impossible...
Du coup, on fait des réunions pour la forme, pour dire qu'on les suit, mais au final, on n'a aucun moyen d'assurer ce suivi dans de bonnes conditions.
Et j'ai l'impression que c'est de pire en pire (par exemple quand on me dit le nombre d'enfants qui 'devraient être au premier rang... oui, mais au premier rang, j'ai 8 places, pas 30...).
Comment vivez-vous/gérez-vous cela?
Résultat, sur une classe de 30 élèves, au moins 8 élèves "à surveiller" pour troubles divers, dylslexie, troubles de l'attention, troubles du comportement, manque de suivi familial, niveau SEGPA refusé par la famille, etc, etc.
Pour chaque élève, il nous est expliqué qu'il faut vérifier qu'il a compris les consignes, faire des évaluations adaptées, des dictées aménagées, lui rappeler de se concentrer, etc, etc, etc...
Je ne sais pas quel est votre ressenti à ce niveau (d'où ce post), mais j'ai l'impression qu'on est supposés individualiser de plus en plus, dans des classes de plus en plus chargées. Je suis consciente que chaque élève est un individu différent, qui a besoin d'attention et d'intérêt, et c'est d'ailleurs tout l'intérêt de notre métier. Mais à ce stade, cela devient ingérable. Chacun de ces enfants à droit à de l'attention, mais cela devient techniquement impossible...
Du coup, on fait des réunions pour la forme, pour dire qu'on les suit, mais au final, on n'a aucun moyen d'assurer ce suivi dans de bonnes conditions.
Et j'ai l'impression que c'est de pire en pire (par exemple quand on me dit le nombre d'enfants qui 'devraient être au premier rang... oui, mais au premier rang, j'ai 8 places, pas 30...).
Comment vivez-vous/gérez-vous cela?
- CotPouletCotNiveau 8
L'impression d'être constamment face à une tâche insurmontable. Au point cynique de se dire, parfois, "bon, lequel a le plus de chances de réussir malgré tout, que je le place devant, que je m'en occupe un peu ?"
Mais que se passe-t-il à l'école, à la France, pour qu'on ait un tel pourcentage de siglomanie en 6è ? Bon, c'est sûr qu'on se récupère l'interdiction de redoubler du primaire d'une part. On voit aussi des candidatures SEGPA refusées ou mal gérées, etc.
[EDIT : pour répondre, ça me déglingue, ça me déprime, et ça met vraiment à mal mon complexe étikéresponsab du messie]
Mais que se passe-t-il à l'école, à la France, pour qu'on ait un tel pourcentage de siglomanie en 6è ? Bon, c'est sûr qu'on se récupère l'interdiction de redoubler du primaire d'une part. On voit aussi des candidatures SEGPA refusées ou mal gérées, etc.
[EDIT : pour répondre, ça me déglingue, ça me déprime, et ça met vraiment à mal mon complexe étikéresponsab du messie]
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"Il était persuadé que s'il se risquait hà dormir la nuit, il se transformerait en poulet. Il se laissait de petites notes hà sa propre hintention qui lui répétaient : "Tu n'es pas un poulet", mais il se disait parfois qu'il mentait." Terry Pratchett, Jeu de nains
- amethysteDoyen
Effectivement, quand j'ai reçu la liste des enfants à suivre donnée par l'infirmière en début d'année pour les 6e, j'ai été abasourdie : 8 pages pour 7 classes. On a de tout : dyslexiques, dyscalculiques, relevant d'Ulis, de Segpa, lenteur inquiétante, problème de comportement.... Moi, je n'ai pas trouvé de solution miracle. Cette année, nos classes sont nettement moins chargées que les années précédentes et j'ai déjà pu voir de grosses différences entre les élèves. Y remédier... j'essaie à ma petite mesure, mais clairement, certains élèves vont au massacre et je trouve ça vraiment injuste pour eux.
- Petit poisNiveau 9
Bonjour Sifi !
J'hésitais justement à lancer un fil sur ce sujet ! Je suis aussi confrontée à ce type de classe. Nous accueillons de plus en plus d'élèves de ce type dès la Sixième depuis plusieurs années. Certains dispositifs sont justifiés et les élèves concernés s'en sortent plutôt bien. Depuis quelques années, les PAI, PPRE, et autres concernent davantage d'élèves qui sont en très grosses difficultés : les lacunes d'apprentissage et les problèmes comportementaux rendent difficiles leurs insertions dans des classes "classiques". Je dit classique car je n'aime pas le terme "normales" ... La dyslexie me parait expliquer bien des troubles ... Le recours aux psychologues me parait épargner une remise en cause de l'éducation pure et simple des enfants ... C'est mon avis.
Cette année, il y a des élèves dys dans toutes les classes, de la 6ème à la 3ème (En moyenne, 3-4 par classe) mais aussi au lycée. Une Cinquième a tiré le pompon : 10 élèves identifiés Dys sur 21 Et des cas assez lourds ... J'ai parfois trois AVS qui s'occupent chacun de deux ou trois élèves à la fois ... Pas d'explication de la Direction quant à cette concentration d'élèves en difficultés dans cette classe ... Dans les deux autres Cinquièmes, ils ne sont que deux ou trois ...
Je me pose aussi des questions car j'ai deux classes de Cinquième et celle où il y a tant de dys accuse déjà un sacré retard sur l'autre ... Et je n'y ai pas fait les mêmes cours car j'abrège les leçons ... Il n'y a pas d'enseignant référent-Dys au collège, je galère pour obtenir le dossier de chacun de ces élèves et pour l'instant, je navigue à vue ... Des rencontres sont prévues (ESS) mais pas avant janvier pour certains élèves ...
Nous recevons des consignes de la Direction qui a rencontré les parents :
- Alléger le travail pour ces élèves
- Réduire et/ou adapter les évaluations
- Surveiller la prise de notes
- Distribuer des photocopies complétées du cours
- Charger des clés USB, surveiller les ordinateurs
- Gérer les humeurs très changeantes de certains ...
Sauf que je ne peux pas tout faire ! En cours, je gère des élèves que la moindre mouche au plafond distrait ; d'autres qui ne tiennent pas sur leur chaise plus de 15 mn ; certains perdent systématiquement leurs affaires d'un cours à l'autre ; ils parlent tout seuls, chantent ... Mes capacités d'adaptation ont des limites ...
Je pense surtout aux 10 élèves "classiques" qui trépignent car on n'avance pas dans le cours. Certains aimeraient aller plus loin, etc ... Ils s'ennuient et s'énervent de cette ambiance parfois électrique.
J'aime bien ces élèves qui sont souvent individuellement attachants et surprenants. Mais il m'est impossible de garantir aux autres élèves que le niveau des cours est bien celui auquel ils ont aussi droit ... Je crois que certains parents ne vont pas tarder à tousser ...
J'adapte toutes mes fiches et mes diaporamas pour la lisibilité (Ça sert à tout le monde), je multiplient les fiches de synthèse et de méthodologie mais c'est chronophage ! Je varie les activités en classe mais c'est énergivore car ça peut déraper à tout moment. Je doute aussi du suivi de ces enfants à la maison. Certains parents semblent se décharger totalement sur le collège. "Ils ont droit à un dispositif spécial" donc à nous de gérer ... Je sais que ce type d'enfant est difficile à gérer à la maison mais dix dans une classe encore plus !
Je vais faire une évaluation du premier chapitre cette semaine : je m'attends au pire ...
Une question me taraude : sommes nous là pour faire progresser les élèves où leur enseigner des savoirs ? Je peux les faire progresser : en fin de Cinquième, ils auront un niveau de Sixième + ... Ils en sauront un peu plus mais bien moins que les programmes sous entendent ... Et ils prétendront à un passage en Quatrième, leur moyenne étant peu représentative de leur réel niveau ...
- Et les autres élèves, doivent-ils, au nom de l'intégration, en payer le prix ? Cours allégés, ambiance de classe, attention du prof monopolisée ...
- Faut-t-il organiser une classe multi-niveaux comme au Primaire ? Mais comment ?
Je serais ravie d'échanger sur vos expériences !
J'hésitais justement à lancer un fil sur ce sujet ! Je suis aussi confrontée à ce type de classe. Nous accueillons de plus en plus d'élèves de ce type dès la Sixième depuis plusieurs années. Certains dispositifs sont justifiés et les élèves concernés s'en sortent plutôt bien. Depuis quelques années, les PAI, PPRE, et autres concernent davantage d'élèves qui sont en très grosses difficultés : les lacunes d'apprentissage et les problèmes comportementaux rendent difficiles leurs insertions dans des classes "classiques". Je dit classique car je n'aime pas le terme "normales" ... La dyslexie me parait expliquer bien des troubles ... Le recours aux psychologues me parait épargner une remise en cause de l'éducation pure et simple des enfants ... C'est mon avis.
Cette année, il y a des élèves dys dans toutes les classes, de la 6ème à la 3ème (En moyenne, 3-4 par classe) mais aussi au lycée. Une Cinquième a tiré le pompon : 10 élèves identifiés Dys sur 21 Et des cas assez lourds ... J'ai parfois trois AVS qui s'occupent chacun de deux ou trois élèves à la fois ... Pas d'explication de la Direction quant à cette concentration d'élèves en difficultés dans cette classe ... Dans les deux autres Cinquièmes, ils ne sont que deux ou trois ...
Je me pose aussi des questions car j'ai deux classes de Cinquième et celle où il y a tant de dys accuse déjà un sacré retard sur l'autre ... Et je n'y ai pas fait les mêmes cours car j'abrège les leçons ... Il n'y a pas d'enseignant référent-Dys au collège, je galère pour obtenir le dossier de chacun de ces élèves et pour l'instant, je navigue à vue ... Des rencontres sont prévues (ESS) mais pas avant janvier pour certains élèves ...
Nous recevons des consignes de la Direction qui a rencontré les parents :
- Alléger le travail pour ces élèves
- Réduire et/ou adapter les évaluations
- Surveiller la prise de notes
- Distribuer des photocopies complétées du cours
- Charger des clés USB, surveiller les ordinateurs
- Gérer les humeurs très changeantes de certains ...
Sauf que je ne peux pas tout faire ! En cours, je gère des élèves que la moindre mouche au plafond distrait ; d'autres qui ne tiennent pas sur leur chaise plus de 15 mn ; certains perdent systématiquement leurs affaires d'un cours à l'autre ; ils parlent tout seuls, chantent ... Mes capacités d'adaptation ont des limites ...
Je pense surtout aux 10 élèves "classiques" qui trépignent car on n'avance pas dans le cours. Certains aimeraient aller plus loin, etc ... Ils s'ennuient et s'énervent de cette ambiance parfois électrique.
J'aime bien ces élèves qui sont souvent individuellement attachants et surprenants. Mais il m'est impossible de garantir aux autres élèves que le niveau des cours est bien celui auquel ils ont aussi droit ... Je crois que certains parents ne vont pas tarder à tousser ...
J'adapte toutes mes fiches et mes diaporamas pour la lisibilité (Ça sert à tout le monde), je multiplient les fiches de synthèse et de méthodologie mais c'est chronophage ! Je varie les activités en classe mais c'est énergivore car ça peut déraper à tout moment. Je doute aussi du suivi de ces enfants à la maison. Certains parents semblent se décharger totalement sur le collège. "Ils ont droit à un dispositif spécial" donc à nous de gérer ... Je sais que ce type d'enfant est difficile à gérer à la maison mais dix dans une classe encore plus !
Je vais faire une évaluation du premier chapitre cette semaine : je m'attends au pire ...
Une question me taraude : sommes nous là pour faire progresser les élèves où leur enseigner des savoirs ? Je peux les faire progresser : en fin de Cinquième, ils auront un niveau de Sixième + ... Ils en sauront un peu plus mais bien moins que les programmes sous entendent ... Et ils prétendront à un passage en Quatrième, leur moyenne étant peu représentative de leur réel niveau ...
- Et les autres élèves, doivent-ils, au nom de l'intégration, en payer le prix ? Cours allégés, ambiance de classe, attention du prof monopolisée ...
- Faut-t-il organiser une classe multi-niveaux comme au Primaire ? Mais comment ?
Je serais ravie d'échanger sur vos expériences !
- CotPouletCotNiveau 8
Tu soulèves des questions qui taraudent une bonne partie (j'espère) d'entre nous. Je me désole moi-même de voir 4 élèves s'ennuyer profondément de ma leçon sur le déterminant… en 4è…
J'ai pensé à mettre en place un double-cours : mais comment ne pas donner à ces élèves d'un niveau normal (les "bons" élèves) l'impression que je les délaisse si je fais cours aux autres, et que je donne à ceux-là des polycopiés avec activités (et quoi de plus ennuyeux, d'ailleurs ?) ?
Les disparités (la sacro-sainte hétérogénéité) s'aggravent d'autant plus quand on a un élève dyslexique, un qui a un problème comportemental diagnostiqué, un autre dys à un autre niveau… Il faut donc un cours chacun ?
Cependant, je trouve ta situation des plus horrifiantes ! Encore un peu, et tu passes d'enseignantes à éduc spé !
J'ai pensé à mettre en place un double-cours : mais comment ne pas donner à ces élèves d'un niveau normal (les "bons" élèves) l'impression que je les délaisse si je fais cours aux autres, et que je donne à ceux-là des polycopiés avec activités (et quoi de plus ennuyeux, d'ailleurs ?) ?
Les disparités (la sacro-sainte hétérogénéité) s'aggravent d'autant plus quand on a un élève dyslexique, un qui a un problème comportemental diagnostiqué, un autre dys à un autre niveau… Il faut donc un cours chacun ?
Cependant, je trouve ta situation des plus horrifiantes ! Encore un peu, et tu passes d'enseignantes à éduc spé !
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"Il était persuadé que s'il se risquait hà dormir la nuit, il se transformerait en poulet. Il se laissait de petites notes hà sa propre hintention qui lui répétaient : "Tu n'es pas un poulet", mais il se disait parfois qu'il mentait." Terry Pratchett, Jeu de nains
- NuitsFidèle du forum
Chez moi, il y a en moyenne 7 cas par classe. Qui est dyslexique, EIP, TDAH, qui devrait être en ITEP ( mais y a pas de place ), en IME (mais y a pas de place ), en SEGPA ( mais la famille ne veut pas), en maison de l'enfance ( mais les procédures ca prend du temps ), accompagné d'une AVS ( mais y en a pas).
Je veux bien, pour toutes les activités, faire individuellement reformuler la consigne aux sept ou huit gamins labellisés PAP PPRE, mais je veux bien faire cours aussi...
Je précise que je ne méprise pas les élèves concernés. Je méprise le système permettant qu'une telle situation existe.
Bref, je me décourage.
Je veux bien, pour toutes les activités, faire individuellement reformuler la consigne aux sept ou huit gamins labellisés PAP PPRE, mais je veux bien faire cours aussi...
Je précise que je ne méprise pas les élèves concernés. Je méprise le système permettant qu'une telle situation existe.
Bref, je me décourage.
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C'est dans l'intérêt de l'enfant.
- CotPouletCotNiveau 8
Nuits a écrit:Je précise que je ne méprise pas les élèves concernés. Je méprise le système permettant qu'une telle situation existe.
Ça va de soi, pour moi aussi.
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"Il était persuadé que s'il se risquait hà dormir la nuit, il se transformerait en poulet. Il se laissait de petites notes hà sa propre hintention qui lui répétaient : "Tu n'es pas un poulet", mais il se disait parfois qu'il mentait." Terry Pratchett, Jeu de nains
- sifiÉrudit
C'est la même chose pour moi! Je ne méprise pas ces élèves, bien au contraire, je me désespère de ne pas pouvoir les aider aussi bien qu'il le faudrait...
- NuitsFidèle du forum
J'avais bien compris :-) c'était uniquement pour prévenir les esprits chagrins tentés de me faire la leçon. Mon collège en comptant un certain nombre, je deviens excessivement prudente.
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C'est dans l'intérêt de l'enfant.
- CotPouletCotNiveau 8
Nuits a écrit:J'avais bien compris :-) c'était uniquement pour prévenir les esprits chagrins tentés de me faire la leçon. Mon collège en comptant un certain nombre, je deviens être excessivement prudente.
Et tu as bien raison, Nuits. Le discours culpabilisant des collègues est une arme efficace. Rappelons-nous que nos doutes ne sont que l'expression d'un manque de volonté à enseigner à tous avec bienveillance, que nous sommes des réactionnaires nostalgiques de l'Instruction publique, que si nous faisions plus de réunions et de travail d'équipe on arriverait surement à quelque chose, etc, blablabla, blablabla.
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"Il était persuadé que s'il se risquait hà dormir la nuit, il se transformerait en poulet. Il se laissait de petites notes hà sa propre hintention qui lui répétaient : "Tu n'es pas un poulet", mais il se disait parfois qu'il mentait." Terry Pratchett, Jeu de nains
- Fesseur ProGuide spirituel
Ca devient ingérable selon les classes.
Et effectivement pénible selon les heures et les activités pour les élèves non concernés.
C'est dommage car on a vite fait de perdre les uns et les autres, d'autant qu'on a en plus des cas d'élèves vite perturbateurs dans la plupart des classes.
La différenciation atteint ses limites.
Et effectivement pénible selon les heures et les activités pour les élèves non concernés.
C'est dommage car on a vite fait de perdre les uns et les autres, d'autant qu'on a en plus des cas d'élèves vite perturbateurs dans la plupart des classes.
La différenciation atteint ses limites.
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Pourvu que ça dure...
- gnafron2004Grand sage
Vous avez tout dit. Même situation, mêmes dilemme, même sentiment d'impuissance...
- MamousseHabitué du forum
+1gnafron2004 a écrit:Vous avez tout dit. Même situation, mêmes dilemme, même sentiment d'impuissance...
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"Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis." (Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle)
"C'est véritablement utile, puisque c'est joli." (Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince)
- Petit poisNiveau 9
C'est bien triste. Pour tout le monde.
Je vois que vous aussi vivez mal cette situation.
- LizdarcyFidèle du forum
C'est difficile à vivre pour moi aussi. J'ai deux petits gamins adorables d' ULIS, inclus en 5è,( 30 élèves pas un de moins), qui ne comprennent strictement rien, sont incapables de recopier correctement 3 phrases, ont du mal à répéter et ils me dévisagent comme si j'étais le messie! Qu'y puis-je?
Bien sûr en plus, des tas de dys en tous genres. C'est de pire en pire.
Les parents acceptent mal la situation et se montrent plutôt consommateurs (je crois qu'ils attendent des miracles) et l'institution ne propose rien que de faire semblant d'aider en incluant à marche forcée. Honte.
Quand certains soufflent d'ennui...la différenciation à 30 et avec une vie en dehors, je ne sais pas faire.
Bien sûr en plus, des tas de dys en tous genres. C'est de pire en pire.
Les parents acceptent mal la situation et se montrent plutôt consommateurs (je crois qu'ils attendent des miracles) et l'institution ne propose rien que de faire semblant d'aider en incluant à marche forcée. Honte.
Quand certains soufflent d'ennui...la différenciation à 30 et avec une vie en dehors, je ne sais pas faire.
- sifiÉrudit
En un sens, cela me rassure de voir qu'autant de personnes partagent mon sentiment...
En même temps, c'est affolant! Je comprends l'attitude des parents: on leur fait miroiter l'inclusion, on leur promet qu'on s'adaptera à leur gamin, et la réponse de l'enseignant ne peut que leur paraître décevante...
En tant que maman, évidemment que j'espère que tout sera fait au mieux pour mon enfant! En tant qu'enseignante, je ne peux que constater que trop, c'est trop.
Effectivement, nous sommes dans les limites de la différenciation.
Entre autres dys en tous genres, cette année j'ai un enfant autiste en 4ème. La maman m'a remis tout un dossier, que j'ai lu consciencieusement, sur la manière d'aider son enfant, en plus de l'AESH. Je ne peux qu'admirer cette maman, qui tous les ans, sans relâche, rencontre les enseignants, les informe, leur remet le dossier qu'elle a fabriqué. Mais j'ai 30 élèves de 4ème, et il faudrait que je passe mon temps à vérifier si le gamin a compris, à lui expliquer le second degré, à lui faire des schémas explicatifs pour qu'il comprenne son texte...
Je ne peux tout simplement pas.
En même temps, c'est affolant! Je comprends l'attitude des parents: on leur fait miroiter l'inclusion, on leur promet qu'on s'adaptera à leur gamin, et la réponse de l'enseignant ne peut que leur paraître décevante...
En tant que maman, évidemment que j'espère que tout sera fait au mieux pour mon enfant! En tant qu'enseignante, je ne peux que constater que trop, c'est trop.
Effectivement, nous sommes dans les limites de la différenciation.
Entre autres dys en tous genres, cette année j'ai un enfant autiste en 4ème. La maman m'a remis tout un dossier, que j'ai lu consciencieusement, sur la manière d'aider son enfant, en plus de l'AESH. Je ne peux qu'admirer cette maman, qui tous les ans, sans relâche, rencontre les enseignants, les informe, leur remet le dossier qu'elle a fabriqué. Mais j'ai 30 élèves de 4ème, et il faudrait que je passe mon temps à vérifier si le gamin a compris, à lui expliquer le second degré, à lui faire des schémas explicatifs pour qu'il comprenne son texte...
Je ne peux tout simplement pas.
- VerduretteModérateur
Dès l'élémentaire, on a le même sentiment.
L'an passé, j'avais 29 élèves, un dyspraxique et trois élèves avec des troubles envahissants du comportement qui ont fait de la classe un cauchemar. L'un est parti en ITEP à Noël, mais les deux autres ont suffi à maintenir l'ambiance ...
Cette année, luxe relatif : 23 élèves seulement en CE2, mais avec 2 non-lecteurs qui relèvent de CLIS (refusée par les parents), 2 élèves très perturbés sur le plan du comportement, et 3 ou 4 élèves en très grande difficulté. Bref, un tiers qui rame, un tiers qui avance doucettement, et un tiers qui s'ennuie souvent... que j'essaye de nourrir, mais il me manque de la disponibilité. On finit par se limiter à leur donner du travail en plus, et je ne trouve pas que ce soit la "vraie" réponse.
Cela fait plusieurs années que j'ai l'impression de ne rien faire de bien pour personne.
L'an passé, j'avais 29 élèves, un dyspraxique et trois élèves avec des troubles envahissants du comportement qui ont fait de la classe un cauchemar. L'un est parti en ITEP à Noël, mais les deux autres ont suffi à maintenir l'ambiance ...
Cette année, luxe relatif : 23 élèves seulement en CE2, mais avec 2 non-lecteurs qui relèvent de CLIS (refusée par les parents), 2 élèves très perturbés sur le plan du comportement, et 3 ou 4 élèves en très grande difficulté. Bref, un tiers qui rame, un tiers qui avance doucettement, et un tiers qui s'ennuie souvent... que j'essaye de nourrir, mais il me manque de la disponibilité. On finit par se limiter à leur donner du travail en plus, et je ne trouve pas que ce soit la "vraie" réponse.
Cela fait plusieurs années que j'ai l'impression de ne rien faire de bien pour personne.
- HérodouteGrand sage
Concrètement, nous faisons ce que nous pouvons.
J'ai néanmoins l'impression que certaines situations sont abusées genre le nombre étonnant de "dys" quelque chose. Soit on les détecte plus facilement maintenant et c'est tant mieux. Mais, j'ai limite l'impression que le diagnostic de dyslexique est parfois donné un peu facilement... J'entends pas là qu'il y a des dyslexiques parfois très très légers... et que finalement cela ne génère guère de difficultés à l'enfant. Si les inquiétudes des parents sont légitimes, c'est à se demander si la moindre difficulté rencontrée dans la tendre enfance par leur "monchérimoncoeur" n'est pas directement étiquetée "il doit être dyslexique"... et boum on lance tout un protocole avec des tas de rdv afin de savoir pourquoi le gosse roule le "r" de telle manière et pourquoi la veille il a osé inversé deux lettres...
Un autre exemple d'abus est le nombre de PPRE qui continue de croître chaque année à l'entrée en 6e : Si une partie des PPRE est totalement justifiée, ce n'est pas le cas d'un nombre non négligeable de PPRE facilement monté et très creux : PPRE car la petite n'a pas confiance en soi / PPRE car le petit a du mal à rester concentré 6 h sur sa chaise (non, sans blague ?...)...
J'ai néanmoins l'impression que certaines situations sont abusées genre le nombre étonnant de "dys" quelque chose. Soit on les détecte plus facilement maintenant et c'est tant mieux. Mais, j'ai limite l'impression que le diagnostic de dyslexique est parfois donné un peu facilement... J'entends pas là qu'il y a des dyslexiques parfois très très légers... et que finalement cela ne génère guère de difficultés à l'enfant. Si les inquiétudes des parents sont légitimes, c'est à se demander si la moindre difficulté rencontrée dans la tendre enfance par leur "monchérimoncoeur" n'est pas directement étiquetée "il doit être dyslexique"... et boum on lance tout un protocole avec des tas de rdv afin de savoir pourquoi le gosse roule le "r" de telle manière et pourquoi la veille il a osé inversé deux lettres...
Un autre exemple d'abus est le nombre de PPRE qui continue de croître chaque année à l'entrée en 6e : Si une partie des PPRE est totalement justifiée, ce n'est pas le cas d'un nombre non négligeable de PPRE facilement monté et très creux : PPRE car la petite n'a pas confiance en soi / PPRE car le petit a du mal à rester concentré 6 h sur sa chaise (non, sans blague ?...)...
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"Le réchauffement climatique ? Deux degrés de plus, c'est que dalle, non ?", philosophe anonyme de la télé-réalité.
- sifiÉrudit
Sans parler des allergiques autres protocoles médicaux! Même si ça n'influence pas tellement nos cours, tous les ans on se tape je ne sais combien de protocoles à lire et à signer (comme si on les retenait! ) pour dire qu'untel est asthmatique, ou untel allergique aux piqûres de guêpe... Mes préférés, ce sont les allergiques aux arachides... c'est bien connu, on leur lance des cacahuètes en classe!
- gnafron2004Grand sage
Tu rigoles, mais... à l'occasion d'une fin d'année, une collègue a laissé les élèves amener des chips, et une élève a bien failli y passer. Elle n'en a pourtant pas mangé, mais rien que le fait d'être dans la même pièce qu'un sachet de bidules aux cacahuètes lui a déclenché un oedème de Quincke...
- sifiÉrudit
Bouh, la méchante, elle n'avait pas retenu/ lu le papier qu'elle a signé en début d'année?
Pour cette raison, je ne donne plus rien à manger à mes élèves, jamais.
Pour cette raison, je ne donne plus rien à manger à mes élèves, jamais.
- OlympiasProphète
Ça devient délirant. On détruit l'enseignement spécialisé, on ne crée pas les structures dont les enfants incapables de suivre auraient besoin et on nous demande de faire de la différenciation (de masse !) avec des moyens qui ne suivent pas.
Les parents qui ont un enfant vraiment handicapé ne sont pas les plus pénibles. Perso, j'ai juste demandé que les devoirs soient notés avec précision pour pouvoir l'aider à réviser. Et que les consignes soient claires.
Les parents qui ont un enfant vraiment handicapé ne sont pas les plus pénibles. Perso, j'ai juste demandé que les devoirs soient notés avec précision pour pouvoir l'aider à réviser. Et que les consignes soient claires.
- HérodouteGrand sage
Le collège unique... il a plus que vécu, il est temps de revoir la copie.
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"Le réchauffement climatique ? Deux degrés de plus, c'est que dalle, non ?", philosophe anonyme de la télé-réalité.
- sifiÉrudit
Le collège unique n'est peut-être pas la cause de tous les maux, mais il y contribue largement.
- elisa18Neoprof expérimenté
Hérodoute a écrit:Concrètement, nous faisons ce que nous pouvons.
J'ai néanmoins l'impression que certaines situations sont abusées genre le nombre étonnant de "dys" quelque chose. Soit on les détecte plus facilement maintenant et c'est tant mieux. Mais, j'ai limite l'impression que le diagnostic de dyslexique est parfois donné un peu facilement... J'entends pas là qu'il y a des dyslexiques parfois très très légers... et que finalement cela ne génère guère de difficultés à l'enfant. Si les inquiétudes des parents sont légitimes, c'est à se demander si la moindre difficulté rencontrée dans la tendre enfance par leur "monchérimoncoeur" n'est pas directement étiquetée "il doit être dyslexique"... et boum on lance tout un protocole avec des tas de rdv afin de savoir pourquoi le gosse roule le "r" de telle manière et pourquoi la veille il a osé inversé deux lettres...
Et si tout simplement l'enfant faisait une très bonne compensation qui lui demande beaucoup d'énergie? C'est le cas de mon fils qui vient d'être détecté dyspraxique en 4° seulement: jusqu'en 5°, comme il a une très bonne mémoire et est assez intelligent, il a compensé tout seul, personne ne s'est aperçu de rien. Maintenant, en 4° il ne suit plus, le cours va trop vite, il ne finit pas les devoirs, il n'a plus le temps d'écrire le cours... Qu'est-ce que je fais? Je le laisse tomber car l'adaptation va demander trop de travail à mes collègues?
Nous avons choisi de faire une classe "dys" en 5°, à des conditions (pas trop chargée, avec des élèves calmes...) Je me suis portée volontaire. Mais toutes nos 5° sont chargées (28 élèves) et en plus certains élèves dys ont une AVS: 31 personnes + moi dans la classe! C'est un très gros travail, mais quand j'adapte, je ne le fais pas pour un seul élève. C'est plus rentable sur le long terme.
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