fiche sur les procédés : vos avis ?

Chaque année, je me tue à essayer d'expliquer aux 3e ce qui se cache derrière les questions portant sur les "procédés", terme mystérieux (et franchement, ça me semble normal pour eux) derrière lequel ils mettent principalement, quand ils sont de bonne volonté, "figures de style". Cet été, j'ai décidé de faire une fiche sur le sujet. Comme à mon habitude, c'est plus un cours qu'une fiche mais je tenais, d'une part à éviter une précipitation vers le repérage forcené et sans interprétation, d'autre part à leur proposer des exemples concrets d'analyse. J'espère n'avoir pas été trop maladroite dans ces derniers en particulier, je me sens souvent lourde.
Si vous avez des avis, je suis preneuse

Bravo pour ce document. Effectivement les élèves ont trop souvent tendance à penser que procédé = figures de style, point. Là au moins, c'est clair qu'elles n'en sont qu'une partie.
Je profiterais de la liste forcément non exhaustive, comme tu le précises, pour ajouter : Répartition des idées en paragraphes.

Il y a juste une formule que je ne comprends pas bien : "Face à un texte, il ne s’agit JAMAIS de chercher les procédés pour en déduire quelque chose". Dans ton deuxième exemple : "Ça a peur de déchirer sa robe aux ronces.", pointer l'usage du pronom te permet d'en déduire le mépris du narrateur.

On peut peut-être distinguer les énoncés où le procédé vient souligner le sens, lui donner de l'intensité, comme dans ton premier exemple : "Je la chéris, je l’adore, je la révère", et les énoncés où c'est le procédé qui crée le sens, comme dans ton deuxième exemple.

Et puis il y a le cas particulier des textes où un procédé caché révèle un sens caché. Exemple : la lettre de George Sand à Musset où il faut lire un vers sur deux.

George Sand a écrit:Je suis très émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde comme la plus étroite
amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme
grosse. Accourez donc vite et venez me la
faire oublier par l’amour où je veux me
mettre.

Bonjour, bravo pour cet énorme travail !

Je trouve cette fiche très intéressante au premier abord (je n'ai pas tout lu encore) et très utile, quoiqu'un peu longue peut-être : cela ne risque-t-il pas de décourager les élèves ? A cela s'ajoute le problème de la quantité de photocopies... Peut-être en retravaillant la mise en page tu gagnerais de la place et de la lisibilité (je trouve qu'il manque des tirets devant les listes de procédés et on ne distingue pas bien les différents extraits, qu'il faudrait de mon point de vue mettre en italique et isoler plus clairement les uns des autres (en mettant au début de chaque nouvel exemple un gros point par exemple). Je te mets un morceau du document avec une présentation retravaillée (j'ai juste corrigé l'expression "faire partager au lecteur" qui ne me paraît pas très correcte), qui pourrait être encore améliorée. Mais il me semble que pour les élèves la clarté du document est essentielle si on veut qu'il soit exploité.

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Merci @oups, c'est une bonne idée !

The Paper a écrit:Je profiterais de la liste forcément non exhaustive, comme tu le précises, pour ajouter : Répartition des idées en paragraphes.

Ah, c'est curieux, je n'aurais pas considéré cela comme un procédé exactement. À moins que tu ne penses à une répartition remarquable.

Il y a juste une formule que je ne comprends pas bien : "Face à un texte, il ne s’agit JAMAIS de chercher les procédés pour en déduire quelque chose". Dans ton deuxième exemple : "Ça a peur de déchirer sa robe aux ronces.", pointer l'usage du pronom te permet d'en déduire le mépris du narrateur.

C'est peut-être mal dit. Je veux dire qu'il ne s'agit pas de repérer d'abord les procédés ; d'une part, je vois d'ici un épluchage du texte à partir de la liste (je regarde tous les pronoms... tous les temps... etc.) ; d'autre part, j'anticipe un risque de mauvaise identification, et surtout de mauvaise interprétation : j'ai repéré un procédé, je cherche à tout prix à l' "interpréter", quitte à plaquer n'importe quoi sur le texte. Je veux insister sur le fait qu'un procédé ne peut s'interpréter qu'à la lumière de ce qu'on a compris du texte. (Bien sûr, ce n'est pas tout à fait vrai, mais je veux contrer leur tendance.)

On peut peut-être distinguer les énoncés où le procédé vient souligner le sens, lui donner de l'intensité, comme dans ton premier exemple : "Je la chéris, je l’adore, je la révère", et les énoncés où c'est le procédé qui crée le sens, comme dans ton deuxième exemple.

Pourquoi pas, je vais y réfléchir. (J'ai tenté d'organiser le fourre-tout en concret/abstrait, en me disant que ce serait le plus immédiatement clair pour les élèves, et j'ai préféré éviter de multiplier les catégories, mais celle-ci pourrait peut-être s'y ajouter.) Merci de la piste.

Et puis il y a le cas particulier des textes où un procédé caché révèle un sens caché. Exemple : la lettre de George Sand à Musset où il faut lire un vers sur deux.

George Sand a écrit:Je suis très émue de vous dire que j’ai
bien compris l’autre soir que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser. Je garde le souvenir de votre
baiser et je voudrais bien que ce soit
là une preuve que je puisse être aimée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul, et si vous voulez me voir aussi
vous dévoiler sans artifice mon âme
toute nue, venez me faire une visite.
Nous causerons en amis, franchement.
Je vous prouverai que je suis la femme
sincère, capable de vous offrir l’affection
la plus profonde comme la plus étroite
amitié, en un mot la meilleure preuve
que vous puissiez rêver, puisque votre
âme est libre. Pensez que la solitude où j’ha-
bite est bien longue, bien dure et souvent
difficile. Ainsi en y songeant j’ai l’âme
grosse. Accourez donc vite et venez me la
faire oublier par l’amour où je veux me
mettre.

Ce cas est vraiment très particulier ! Quand on en sera là... J'ai déjà tendance à faire des fiches à rallonge, je crois qu'il vaut mieux que j'aille vers l'épure plutôt que vers l'exhaustivité.

Pour les paragraphes, oui, je pense par exemple à un paragraphe très court, d'une seule phrase, pour isoler une action du reste. Mais aussi aux paragraphes classiques qui insistent sur les étapes d'un raisonnement.

Lédissé a écrit:
Ce cas est vraiment très particulier ! Quand on en sera là... J'ai déjà tendance à faire des fiches à rallonge, je crois qu'il vaut mieux que j'aille vers l'épure plutôt que vers l'exhaustivité.

Oui, c'était juste pour réagir au "JAMAIS" Je dirais plutôt : "Face à un texte, on fait sans cesse le va-et-vient entre le sens et les procédés."