Alerte orange, transports suspendus : quelles obligations pour les profs ?

Bonjour,

Je me retrouve face à un cas de conscience, le même depuis 10 ans chaque fois que la situation se présente. Demain, Météo France a émis une alerte orange orage - pluie - inondation sur tout le département et la préfecture a suspendu les transports scolaires. Les profs du collège se retrouveront donc à faire garderie pour les 20% de gamins qui viennent par leurs propres moyens (et encore, la plupart ne viennent même pas dans ces cas-là, ce que je comprends).

Depuis 10 ans que je travaille dans ce collège, je n'ai jamais raté une seule journée de travail pour des raisons météorologiques, sachant quand même que j'ai une heure de route pour y aller (et que des collègues qui habitent moins loin ne viennent pas). Franchement, je n'ai pas envie de risquer ma vie demain, à conduire sous des trombes d'eau (les épisodes cévenols sont particulièrement violents cette année, je trouve, avec de la grêle) pour aller faire garderie.

Je lis les consignes de la préfecture, qui recommandent de ne pas prendre la voiture. Je suis tiraillée entre mes obligations professionnelles et la crainte de ce qui pourrait arriver.

À quoi sommes-nous tenus ? Qu'est-ce que je risque à ne pas y aller demain ?

Merci pour vos réponses éclairantes.

Est-ce que les bus scolaires te permettent d'aller à ton établissement scolaire ? (Chez moi, n'importe qui peut emprunter les lignes scolaires).
Si oui, demain, c'est dommage tu avais l'intention de prendre le bus
Plus sérieusement, je ne sais pas ce que disent les textes pour les personnels dans cette situation.

Et non, les bus ne me permettent pas ce luxe ! Quand je n'avais pas le permis, j'ai quelquefois fait le trajet en transports en commun : tram + TER + bus + 20 minutes de marche à pied. Une grosse heure et demie...

Les autres années, j'y suis toujours allée, par tous les temps. Mais cette année, je n'ai pas envie de risquer ma vie pour faire garderie dans des odeurs de chien mouillé...

Si les élèves courent un danger en venant au collège et au lycée. C'est la même chose pour les enseignants. Après, tout dépend si tu enseignes dans un établissement dans la campagne ou en plein centre-ville et de la distance qui te sépares de lui). Si tu es en centre -ville et que le déplacement est sans risque, tu peux y aller, sinon tu restes chez toi et tu téléphones à l'administration: pourquoi mettre en jeu ta vie et pas celle des élèves?

Perso j'ai la chance d'avoir beaucoup de type de transport en commun à côté de chez moi (bus/train/métro/vélo). Si les bus sont arrêtés , c'est qu'il y a aussi un danger de venir en voiture.... donc je ne viens pas

Colombine a écrit:Et non, les bus ne me permettent pas ce luxe ! Quand je n'avais pas le permis, j'ai quelquefois fait le trajet en transports en commun : tram + TER + bus + 20 minutes de marche à pied. Une grosse heure et demie...

Les autres années, j'y suis toujours allée, par tous les temps. Mais cette année, je n'ai pas envie de risquer ma vie pour faire garderie dans des odeurs de chien mouillé...

Je me suis déjà pris une bonne gamelle en deux-roues par un temps épouvantable, lorsque je n'avais pas encore de voiture pour me rendre au lycée. Manger le bitume pour assurer deux heures de cours où il faudra réveiller des ados qui regarderont dehors la pluie tomber, plus jamais!
Si tu as peur de prendre la route, ne la prends pas. Je ne vois pas très bien ce que l'on pourrait te reprocher: tu as le bulletin météo pour toi!

J'habite à 80 km de mon collège. Je dois traverser la grande ville où j'habite, avec des rues souvent inondées. Ensuite 35 minutes d'autoroute, pour finir sur des routes de campagne inondables aussi. Avec mes collègues de covoiturage, on s'est souvent fait peur, sur le trajet, les années précédentes... Mais on n'a jamais osé ne pas y aller.

Dans ces cas là (ici, neige - pas de bus scolaires), je ne vais pas au collège. Et je ne suis pas le seul. Je préviens simplement que les routes sont impraticables. De toute façon, il n'y a pas d'élèves. C'est un accord tacite avec la direction.

Mille mercis pour vos avis, qui confirment ce que je pense !

surtout si d'autres plus près ne viennent pas. Après, à voir demain.

Spoiler:

de toute façon, au pire du pire, tu risquerais quoi : un retrait de salaire d'un jour? ça vaut la peine de se faire peur et de risquer de se tuer?

Demain, nous sommes 4 à covoiturer. On verra ce que disent les 3 autres. Ça me gênerait d'être la seule à ne pas y aller alors que les autres y vont (en plus ce n'est même pas moi qui conduis demain).

De toute façon, je crois que je vais mettre au point une attitude valable pour chaque alerte orange avec suspension des transports : je n'irai plus jamais dans ces conditions et puis voilà... Je pense en plus que le chef d'établissement est suffisamment humain pour comprendre.

C'est quand même fou que les élèves qui viennent en bus et habitant pas trop loin ne viennent pas, et qu'on ne prenne pas le soin de dire aux enseignants qui ont de la route à faire de rester tranquilles chez eux plutôt que de prendre des risques...

Je me demande ce qu'en disent les syndicats. J'ai hésité à contacter le mien aujourd'hui à ce sujet...

Mina a écrit:C'est quand même fou que les élèves qui viennent en bus et habitant pas trop loin ne viennent pas, et qu'on ne prenne pas le soin de dire aux enseignants qui ont de la route à faire de rester tranquilles chez eux plutôt que de prendre des risques...

C'est assez normal qu"on" protège les enfants.
Les adultes sont assez grands pour se gérer.

Justement, comment se gérer dans la mesure où la préfecture recommande de ne se déplacer qu'en cas d'absolue nécessité ? Le travail est-il une absolue nécessité ?

Colombine a écrit:Je me demande ce qu'en disent les syndicats. J'ai hésité à contacter le mien aujourd'hui à ce sujet...

Pas d'info de mon côté... Et suis dans le même cas de conscience que toi...

Fesseur Pro a écrit:

Mina a écrit:C'est quand même fou que les élèves qui viennent en bus et habitant pas trop loin ne viennent pas, et qu'on ne prenne pas le soin de dire aux enseignants qui ont de la route à faire de rester tranquilles chez eux plutôt que de prendre des risques...

C'est assez normal qu"on" protège les enfants.
Les adultes sont assez grands pour se gérer.

Oui, je le comprends bien, mais je trouve que les directives sont trop vagues. En cas de risque avéré, et cela semble être le cas si les transports scolaires sont supprimés, pourquoi ne pas fermer les établissements? Question un peu naïve, et sans vouloir créer de polémique!!

Pfff, c'est pénible ces situations, avec des consignes fort peu claires. Où s'arrête la conscience professionnelle ?

Mina a écrit:

Fesseur Pro a écrit:

Mina a écrit:C'est quand même fou que les élèves qui viennent en bus et habitant pas trop loin ne viennent pas, et qu'on ne prenne pas le soin de dire aux enseignants qui ont de la route à faire de rester tranquilles chez eux plutôt que de prendre des risques...

C'est assez normal qu"on" protège les enfants.
Les adultes sont assez grands pour se gérer.

Oui, je le comprends bien, mais je trouve que les directives sont trop vagues. En cas de risque avéré, et cela semble être le cas si les transports scolaires sont supprimés, pourquoi ne pas fermer les établissements? Question un peu naïve, et sans vouloir créer de polémique!!

Je trouve aussi que les consignes sont trop vagues. Certes, on pense aux enfants, mais parfois ceux qui viennent à pied prennent plus de risques que ceux qui auraient pris le bus si les transports avaient été assurés... Quant aux personnels, on n'a aucune consigne. Je pense que mon chef d'établissement serait compréhensif mais je préférerais largement une consigne claire. Je comprends qu'il ne puisse pas nous dire de ne pas venir, mais quand même...

Tous les ans, quand ça arrive, on y va, on se retrouve avec 5 élèves par classe, avec des poignées de collègues absents (je ne leur jette pas la pierre, certains vivent dans des zones inondables). Et on passe la journée à attendre les consignes de la préfecture, qui ordonne souvent l'évacuation, soit à midi, soit à 15h30. Sachant que dans ces cas-là, on se retrouve au coeur de la tourmente une heure plus tard, nous qui habitons à une heure de route : les élèves sont mis en sécurité à temps, mais pas nous qui habitons loin...

Colombine a écrit:Pfff, c'est pénible ces situations, avec des consignes fort peu claires. Où s'arrête la conscience professionnelle ?

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Elle s'arrête là où ta vie commence à être mise en danger. Point barre.

L’Éducation Nationale et même les élèves ne méritent pas qu'on prenne des risques inconsidérés. Si tu as, au mieux, un accident grave,comment crois-tu que le Rectorat va gérer ton absence de 3 mois?

Les consignes viennent d'arriver, de la part du chef d'établissement, qui transmet un message de l'inspection académique.

"A l'attention des directeurs d'école et des chefs d'établissement : "Les conditions climatiques conduisent le préfet de l'Hérault à fermer les écoles et les établissements scolaires dans tout le département de l'Hérault pour la journée du jeudi 13 octobre.Les cours ne seront donc pas assurés. Par mesure de sécurité, il est demandé aux parents de garder leur enfant au domicile."

En conséquence les personnels sont également invités à ne pas prendre leur véhicule pour se rendre au collège."

Merci pour ce message Colombine. Je vis dans l'Hérault mais je travaille dans le Gard, je ne sais pas quoi faire demain. Je sais que mon CDE ne dira rien mais bon, il me semble que je ne suis pas couverte par l'alerte orange du coup ?

Il n'empêche que ce problème pose la question des consignes données dans ces cas-là. J'irai voir le chef d'établissement pour lui signaler que je ne viendrai plus au collège en cas d'alerte orange. Point à la ligne, effectivement.

horribla a écrit:Merci pour ce message Colombine. Je vis dans l'Hérault mais je travaille dans le Gard, je ne sais pas quoi faire demain. Je sais que mon CDE ne dira rien mais bon, il me semble que je ne suis pas couverte par l'alerte orange du coup ?

Non effectivement, tu ne sembles pas couverte, à moins que l'alerte s'étende au Gard. J'ai entendu que le Gard serait aussi concerné par l'alerte orange, mais peut-être pas par la suppression des transports.

Je te conseillerais de ne pas y aller.

C'est marrant d'ailleurs comme je suis prompte à conseiller aux autres de faire ce que j'hésite moi-même à faire...

Pour l'instant le Gard n'est pas encore concerné. Pour ton conseil, on est tous pareils : je trouve logique que tu n'y ailles pas mais je me demande quand même si moi j'y vais ou pas ! Le problème c'est la conscience professionnelle, je sais déjà que demain je vais passer une mauvaise journée dans tous les cas : 3 heures de route aller-retour à flipper ou la journée entière à culpabiliser. Bon courage à tous ceux qui doivent subir des épisodes cévenols.

Pour le Gard, l'ouest du département est sans transport scolaire :

http://gard.gouv.fr/Actualites/VIGILANCE-JAUNE-MERCREDI-12-ET-JEUDI-13-OCTOBRE-2016

Si tu dois franchir le Vidourle, ce n'est même pas la peine de songer à y aller.