Refus de signer un PV d'installation

Bonsoir,

Je suis TZR (courtes suppléances) et j'ai reçu une décision d'affectation pour 3 semaines (renouvelable) dans un collège qui est à la fois très éloigné de mon RAD et de mon domicile personnel (c'est-à-dire à l'extrême nord de ma zone, mais dans ma zone quand même) mais aussi et surtout abominablement mal desservi par les transports en commun - de l'aveu même de la direction dudit établissement. Or, je ne suis pas encore titulaire du permis de conduire, que je prépare activement depuis des mois (j'ai bien compris la leçon...). Il me faut, rien que pour m'y rendre, plus de deux heures. Evidemment, comme les em**rdes arrivent toujours en escadrille, mon edt commence tous les matins à 8h, tous les jours de la semaine. Il s'agit d'un tout petit collège dans une commune relativement isolée quand on n'a pas de voiture (mais même en voiture, il me faudrait autour d'1h30 pour y aller) et qui ne propose pas de réelle solution de logement sur place (pas de chambre chez l'habitant, ni d'hôtel, que des locations d'appartement non meublés que je vais payer très cher).

Au vu de cette affectation désastreuse à tous niveaux, j'ai rédigé une lettre de demande de révision d'affectation qui sera examinée ce lundi dans la journée par le rectorat (un délégué syndical tentera de plaider ma cause sur place). Je pense avoir un assez bon argument en ce sens qu'un poste bien plus accessible se libère au même moment dans ma zone, pour une durée strictement équivalente (renouvelable également), et que je souhaite y être affectée "en échange".
Je prends quand même le poste ce lundi matin, malgré l'angoisse et la fatigue que cette situation engendre, car je ne voudrais pas en plus être en faute aux yeux de l'administration.

Ma question est la suivante : puis-je refuser de signer le PV d'installation tant que je n'ai pas la décision définitive du rectorat concernant mon cas ? J'ai très peur que, si je signe ce papier, je sois "coincée" sur le poste, sans espoir possible de remédiation.

Merci d'avance !

Peux-tu joindre le délégué syndical pour le lui demander ?

Oudemia a écrit:Peux-tu joindre le délégué syndical pour le lui demander ?

Je le lui ai déjà demandé par mail, j'attends la réponse . J'ai bien conscience que mon cas est très spécifique (et mal barré) mais bon, sait-on jamais ... Peut-être que quelqu'un dans les parages a vécu une situation similaire ?
Mais, on ne va pas se mentir : c'est aussi et surtout pour faire sortir l'angoisse dans laquelle je vis depuis ces derniers jours.

Un avis qui n'engage que moi : tu pourrais signer le PV en précisant que c'est en attente de la réponse du rectorat à une demande de révision d'affectation. Ainsi tu serais couverte en cas de pépin, mais tu exposerais clairement la situation.

Sachant que tu y vas lundi matin, que tu vas prendre les élèves, et faire cours, que tu ne signes pas le PV d'installation ne change rien du tout... Fais comme indiqué par Oudemia.

Oudemia a écrit:Un avis qui n'engage que moi : tu pourrais signer le PV en précisant que c'est en attente de la réponse du rectorat à une demande de révision d'affectation. Ainsi tu serais couverte en cas de pépin, mais tu exposerais clairement la situation.

C'est une excellente idée ! Je vais préciser le problème directement sur le PV. Je penchais de toute manière également pour la sincérité, jouer l'esquive m'épuiserait rapidement. Autant ne pas froisser la chef et/ou le personnel administratif du collège qui, eux, n'y sont strictement pour rien.

benyhex a écrit:Des nouvelles du coup ?

C'est sympas de prendre des nouvelles, qui ne sont malheureusement pas très bonnes. :|

Le rectorat n'a pas jugé utile de répondre à ma lettre de demande de réaffectation, pas même pour me dire "non". Le secrétariat de mon établissement de rattachement, ainsi que celui où j'effectue le remplacement, ont pourtant chacun de leur côté plaidé ma cause auprès du rectorat. Réponse de celui-ci - que je n'ai pas entendue de mes oreilles car l'on ne me prend même pas au téléphone - qui m'a été rapportée par les deux secrétaires de direction : "elle se débrouille." [sic]
Le syndicat que j'ai sollicité, très impliqué, ne peut rien faire. Tout est légal, c'est ma faute si je n'ai pas encore le permis.
Le rectorat a bien entendu placé un contractuel sur le poste que je convoitais, accessible en train.
Je me suis donc débrouillée, comme j'ai pu. J'ai signé le PV en ajoutant sous ma signature que j'attendais une décision du rectorat. Je pense que la chef a dû rire intérieurement en me voyant faire ce geste dérisoire.

Je suis heureusement tombée sur une équipe de profs particulièrement compréhensive qui a tout de suite cherché des solutions de covoiturage pour m'emmener au bahut tous les jours, depuis les gares alentours. J'ai habité chez des amis pendant trois semaines pour réduire le temps et les frais de transport (qui sont assez considérables depuis mon domicile). Je l'ai fait parce que ce remplacement ne devait durer que trois semaines, parce que les élèves et les collègues sont vraiment adorables. Pas de chance, la patronne a demandé à ce que je sois prolongée avant la fin de mon remplacement. Trois semaines à nouveau, et ça risque d'être comme ça longtemps mais personne ne veut me le confirmer. Je sais simplement que la direction préfère ne pas voir la collègue que remplace revenir de sitôt. J'ai pleuré, moi qui me pensais solide, devant la chef, qui m'a dit que je devais avant tout penser au Bien des élèves. Je ne peux plus habiter chez mes amis, donc je fais entre 2h et 2h30 pour aller sur le bahut, 5 jours par semaine.

J'ai pris rdv avec la médecine de prévention du rectorat. Je n'en attends pas grand chose, mais c'est pour moi la dernière étape avant l'arrêt. Je suis épuisée et triste pour mes élèves qui ont devant eux une prof fatiguée, stressée et incapable de leur donner un enseignement de qualité.
Et j'en viens à me dire qu'il faut que je tienne parce que si je rue trop dans les brancards pour qu'on me mette ailleurs, le rectorat, qui est très inventif en la matière, pourrait me mettre dans un endroit encore plus difficile d'accès, dans un bahut bien moins agréable.

Et ils ne sont pas capable de t'arranger un peu l'EdT ? Avec la bonne volonté de quelques collègues qui subiraient des changements ?

Eh bien, je ne vois pas au nom de quelle idée étrange tu vas voir un médecin à la solde du Rectorat. Va voir ton médecin, expose-lui ton état d'épuisement, et s'il le juge nécessaire, il t'arrêtera.
Ton proviseur ? Le rectorat ? Qu'ils se débrouillent.

Je te rappelle que tu exerces un métier, tu n'es pas un curé en train de se lancer dans un sacerdoce. Je ne vois pas comment tu peux envisager de sacrifier ta santé pour l'Education nationale, pour laquelle tu n'es qu'un pion.

ipomee a écrit:Et ils ne sont pas capable de t'arranger un peu l'EdT ? Avec la bonne volonté de quelques collègues qui subiraient des changements ?

Je le lui ai demandé dès le premier jour. Refus catégorique au départ. Il a fallu que je pleure pour que la chef accepte de me libérer ce mercredi, mais il y a deux heures qui sont apparemment inamovibles, c'est donc exceptionnel, "une faveur" qu'elle me fait. Donc mercredi prochain, je suis au front. Pour ce qui est d'un aménagement pérenne, "on verra à la rentrée" parce que "m'voyez, c'est tendu de toucher aux edt si compliqués à élaborer en début d'année". Je crois qu'elle n'a pas envie de se prendre la tête avec ça. Difficile de bouger un ordre établi pour la tzr qui débarque alors que bon, c'est son job de prendre ce qu'il y a (c'est ce que j'ai compris dans son discours).

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Nita a écrit:Eh bien, je ne vois pas au nom de quelle idée étrange tu vas voir un médecin à la solde du Rectorat. Va voir ton médecin, expose-lui ton état d'épuisement, et s'il le juge nécessaire, il t'arrêtera.
Ton proviseur ? Le rectorat ? Qu'ils se débrouillent.

C'est mon syndicat qui me l'a conseillé, afin de faire réagir le rectorat en leur montrant que j'ai tout essayé pour donner l'alerte. Et leur faire passer le message, par voie institutionnelle, qu'il ne sert à rien de mettre dans des endroits perdus. Si je m'arrête brutalement, pour quelques jours au mieux, (veille de vacances qui plus est) à quoi bon si l'on me réserve un sort similaire (ou moins enviable encore !) à la reprise ?

100% d'accord avec Nita. Cependant tu n'as rien à perdre à aller voir le Médecin du Rectorat qui peut - s'il veut vraiment faire de la prévention- préconiser un changement d'affectation. Attention le Rectorat peut ne pas en tenir compte pour raison de service. Ton généraliste peut t'arrêter aussi ponctuellement mais si le remplacement est renouvelé jusqu'à la fin de l'année cela peut être compliqué.

Mais le médecin du Rectorat ne donne qu'un avis consultatif (et, pour le moment, je n'ai pas souvenance qu'ils aient fait preuve de beaucoup d'empathie).
Donc tu te rends malade, tu vas voir le médecin du rectorat, qui te dit de t'écouter un peu moins, tu tiens ... jusqu'à ce que tu craques. Cela me paraît déraisonnable.

(J'ai été TZR pendant presque 15 ans. J'avais le permis - et la voiture. C'est plus facile, mais pas toujours. J'ai été nommée à plus de 90 km. de mon domicile, avec changement de RAD pour cet établissement - contre ma volonté. Tu dis que le rectorat va te faire "payer" ton arrêt ? J'en doute.)

Nita a écrit:Mais le médecin du Rectorat ne donne qu'un avis consultatif (et, pour le moment, je n'ai pas souvenance qu'ils aient fait preuve de beaucoup d'empathie).
Donc tu te rends malade, tu vas voir le médecin du rectorat, qui te dit de t'écouter un peu moins, tu tiens ... jusqu'à ce que tu craques. Cela me paraît déraisonnable.

(J'ai été TZR pendant presque 15 ans. J'avais le permis - et la voiture. C'est plus facile, mais pas toujours. J'ai été nommée à plus de 90 km. de mon domicile, avec changement de RAD pour cet établissement - contre ma volonté. Tu dis que le rectorat va te faire "payer" ton arrêt ? J'en doute.)

Non, je ne pense vraiment pas que le rectorat me fasse "payer" un arrêt par vengeance. C'est hors de propos, je sais pertinemment qu'ils n'ont rien de personnel contre moi. Je crois juste que, si je me fais arrêter quelques jours, une ou deux semaines au mieux, ma situation sera toujours aussi critique à mon retour. Le remplacement risque d'être renouvelé jusqu'à la fin de l'année, de trois semaines en trois semaines. Il me faudra donc bien y retourner à un moment ou à un autre. Ou se préparer à prendre un remplacement encore plus pourri - car ma zone est immense, et les bahuts paumés, assez nombreux (sans parler des affectations possibles sur les zones limitrophes). Je ne tiens pas sur ce remplacement par amour insensé du martyre, mais aussi par crainte de tomber sur pire.

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Tu peux aussi saisir le médiateur académique du Rectorat.

Je n'ai pas de conseils, juste de la compassion après 7 ans de TZR... On est considérés comme des sous profs par les élèves, les chefs, le rectorat et même certains syndicats. À croire qu'on a passé un concours différent de celui des profs en poste fixe.

clap a écrit:Je n'ai pas de conseils, juste de la compassion après 7 ans de TZR... On est considérés comme des sous profs par les élèves, les chefs, le rectorat et même certains syndicats. À croire qu'on a passé un concours différent de celui des profs en poste fixe.

Merci. J'ai malgré tout de la chance car j'aurais pu en plus tomber sur des collègues totalement indifférents et/ou méprisants et des gamins pas sympas. C'est tout l'inverse (en dehors de l'inévitable collègue qui me fait la leçon sur le permis et sur le fait que "oui bon c'est normal d'en baver au début, tu es jeune, etc."). Cela m'aide à tenir.

edit car doublon

Bosco, il n'y a pas de possibilité de covoiturage pour ton ami ?

edit car doublon

C'est obligé qu'il bosse 5j par semaine ? Peut être pourrait-il essayer de faire regrouper ses journées de cours sur trois ou quatre jours ?

Bosco75 a écrit:

Mademoiselle Labutte a écrit:

clap a écrit:Je n'ai pas de conseils, juste de la compassion après 7 ans de TZR... On est considérés comme des sous profs par les élèves, les chefs, le rectorat et même certains syndicats. À croire qu'on a passé un concours différent de celui des profs en poste fixe.

Merci. J'ai malgré tout de la chance car j'aurais pu en plus tomber sur des collègues totalement indifférents et/ou méprisants et des gamins pas sympas. C'est tout l'inverse (en dehors de l'inévitable collègue qui me fait la leçon sur le permis et sur le fait que "oui bon c'est normal d'en baver au début, tu es jeune, etc."). Cela m'aide à tenir.

Je me permets de déterrer ce topic pour connaître ta situation actuelle. Et aussi comment les choses se sont passées sur cette affectation, comment tu t'es habituée à cet état des choses et si tu as pu finalement obtenir quelque chose de mieux par la suite ?!
J'ai un collègue qui est exactement dans la même situation que toi sur l'Académie de Lille (il vient de Créteil et était vraiment heureux de rentrer enfin chez lui jusqu'à ce qu'il apprenne le résultat de sa mutation intra...), qui a le permis de conduire (mais pas de voiture car financièrement ce n'est pas possible pour lui) et qui a été débarqué sur un poste à 90km de chez lui inaccessible par les moyens de transports collectifs (TER, intercités, bus, car...).
Il a demandé une révision d'affectation mais celle-ci a été rejetée...
Il est au bord de la dépression.

Il ne peut pas déménager ?