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- Luigi_BGrand Maître
Le point de vue d'une sociologue sur le management dans l'entreprise, Danièle Linhart, qui trouve quelques curieux échos dans l'Éducation nationale aujourd'hui.
http://www.laviedesidees.fr/L-entreprise-de-depossession-3054.html
Extraits :
http://www.laviedesidees.fr/L-entreprise-de-depossession-3054.html
Extraits :
Danièle Linhart : La question que je pose est de savoir comment le management moderne arrive à asseoir son emprise sur ses salariés sans recourir à la logique taylorienne qui inscrit dans la définition même des tâches, la contrainte et le contrôle. Avec le développement des activités tertiaires, la question devient : comment l’employeur va t-il avoir l’emprise suffisante pour que les salariés acceptent de travailler selon les critères de rentabilité voulus dans un capitalisme financier de court terme ? Comment est-ce qu’on oblige les salariés à se transformer eux-mêmes en petit bureau des temps et des méthodes pour s’appliquer à eux-mêmes les principes d’économie permanente de temps et de coût, et qui plus est dans des situations de travail fluctuantes ? C’est ça le cœur du modèle managérial moderne : chaque salarié devient le relais de la logique taylorienne. On ne peut pas prédéfinir ex ante le travail, c’est au salarié d’organiser son propre travail. Marie-Anne Dujarier a étudié cet aspect dans son livre L’Idéal au travail. L’impossibilité managériale de préconiser un type de travail nécessite de s’adapter à chaque situation de travail, de laisser un peu d’autonomie aux salariés.
La vie des idées : Dans votre dernier ouvrage, La Comédie humaine du travail, vous expliquez qu’avec la précarisation subjective, il y a ce double processus. On déstabilise les gens en les plaçant « sur le fil du rasoir », pour reprendre vos termes, afin de les rabattre sur les protocoles. Vous pouvez nous expliquer ce deuxième aspect ?
Danièle Linhart : Il faut effectivement que cette autonomie soit bordée par des méthodes standard, des méthodologies, des critères, des process, des procédures. Mais comment fait-on pour obliger des gens qui sont un peu libres à appliquer ces méthodes standard ? C’est là que la précarisation subjective intervient pour justement déposséder les salariés de leurs savoirs, de leurs métiers, de leurs expériences, de leurs collectifs, de tout ce qui les rassure et qui met de la sérénité dans le travail. On les en prive par le changement permanent puisqu’à partir du moment où tout bouge constamment, ils perdent leurs repères et sont précarisés subjectivement. Même s’ils ont des emplois stables, ils sont obligés d’aller chercher les « bonnes » procédures, les « bonnes » pratiques. Ils y sont obligés car ils ne maîtrisent plus rien. La précarisation subjective, c’est justement reconstruire un sentiment de vulnérabilité identique à celui des précaires chez ceux qui ne le sont pas. On les déstabilise pour qu’ils se raccrochent aux codes. En faisant un nombre assez important d’interviews dans des secteurs diversifiés, j’entends les gens dire qu’ils n’y arrivent plus. Ils expliquent comment il y a sans cesse des restructurations de service, des recompositions de métier, des changements de missions... Par exemple, à Pôle emploi, les salariés expliquent que tout bouge tout le temps. Certains disent : « Vous me demanderiez de me situer dans l’organigramme, je ne peux pas. Je ne sais plus de qui je dépends ». Il y a donc un sentiment de non-maîtrise entraînant un état d’inquiétude permanente. Autre exemple, celui des infirmières qui disent : « On nous change constamment de service. On ne connaît donc pas les armoires où il y a les médicaments. Avant, on savait que tel médicament était là, tel instrument était ici... Maintenant, comme on nous change tout en permanence, on ne sait plus. On perd du temps. On veut en gagner mais on risque de faire des bêtises ». Tout cela génère de l’appréhension, de la peur, de l’anxiété. Et du coup, lorsqu’on leur dit : « C’est très simple. Il faut faire comme ça », les salariés se tournent alors vers ces pratiques, ces procédures, ces méthodes qui ont été mises au point par des experts qui ne connaissent pas les métiers et sont absolument indifférenciées quel que soit le secteur. Mais les gens acceptent parce qu’ils ont un profond sentiment de précarité, d’impuissance, d’absence de maîtrise de leur travail. Du coup, il y a une perte de sens parce que ce n’est plus le sens de leur travail, selon les règles de leur métier, selon leur expérience, selon ce qui les amenés à vouloir être les professionnels qu’ils sont, mais c’est une espèce de logique managériale qui les conduit. Récemment, un responsable des ressources humaines m’a dit : « Moi, mon rôle, c’est de produire de l’amnésie ». Cette formule est extraordinaire, elle montre qu’avec le changement permanent, les gens doivent oublier comment ils travaillaient avant pour appliquer ces méthodes.
[...]
L’opinion publique a été complètement endoctrinée par les discours autour de la défense de l’emploi, de la défense du rang de la France dans le monde jusqu’au discours humaniste de la réalisation de soi. Tout cela procède de la même rhétorique, celle de l’entreprise qui a besoin de se libérer. Ce n’est pas les salariés qu’il faut libérer pour qu’ils puissent s’exprimer dans leur travail, influencer leur travail, c’est l’entreprise qui doit se libérer, qui doit se simplifier. C’est ça le travail idéologique. Ces discours s’accompagnent d’une réhabilitation du management présenté à la fois comme le général de la guerre économique et un modèle de la bienveillance. À cela s’ajoute un discours de culpabilisation des salariés : « La France est un pays où les salariés ont un code du travail trop protecteur, où ils coûtent trop chers. Avec les 35 heures, ils travaillent trop peu... ».
[...]
Toute la logique taylorienne, fordienne et moderne, repose sur la « one best way ». L’idée de Taylor, c’est de dire qu’il n’y a pas de solutions locales. Son obsession a toujours été de trouver la seule et unique meilleure manière d’organiser le travail des gens. Or, en fonction des circonstances, des types de travail, de leur expérience, les gens devraient pouvoir développer leurs manières de travailler, adaptées à leurs outils, à leurs publics, à leurs possibilités. Ce qui est évidemment impensable parce qu’échappant à tout contrôle. Quand j’entends, par exemple, des conducteurs de trains me dire : « Sur la ligne C, on est obligé de conduire avec le pied sur le frein mais on ne le dit pas parce qu’on se ferait virer. On sait que les règles ne sont pas viables et que si on devait freiner, ça prendrait beaucoup plus de temps. Donc, on arrive tout le temps en retard et on se fait tout le temps engueuler ». Les conducteurs savent très bien ce qu’il faudrait changer, améliorer, ce qu’il faudrait faire. Mais on ne tient pas compte de leur point de vue. Les gens sont toujours dans ce qu’Yves Clot appelle à juste titre « le travail empêché » : ils ne peuvent pas faire ce qu’il faut pour être efficaces parce qu’ils n’ont pas la possibilité de peser sur la définition du contenu de leur travail et de son environnement. C’est la résultante de cette logique de « la seule bonne manière ».
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- VoltigeurHabitué du forum
Merci beaucoup ! Absolument passionnant et terriblement vrai. A ceci près que le vrai nom de cette "amnésie" est aliénation.
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«Quand tout le monde pense la même chose, c'est que plus personne ne pense» (Walter Lippman)
- gauvain31Empereur
Oui la réforme de 2010 (et celle du collège en 2016) prennent une dimension nouvelle à la lecture de l'article. Le problème est que justement on n'est pas dans un système dans une entreprise, mais dans une institution qui instruit. Qu'est-ce qu'un travail d'enseignement "rentable" ? Cela n'a pas de sens dans l'EN. Pourquoi vouloir appliquer les méthodes de management entrepreneuriales alors que la finalité n'est pas du tout la même que celle d'une institution?
Le problème est que là on n'a pas en charge de clients , mais des élèves, mineurs. Cette précarisation subjective les atteint eux-aussi d'une certaine façon.
Le problème de l'amnésie renvoie au problème de l'oubli que j'évoquais sur un autre fil, mais avec deux réformes structurelles très rapprochées, cela passe moins. Et les courroies de transmission (i.e les IPR) savent (pour la majorité je suppose) que leur arguments sont du pipeau
Merci Luigi pour cet excellent article
Le problème est que là on n'a pas en charge de clients , mais des élèves, mineurs. Cette précarisation subjective les atteint eux-aussi d'une certaine façon.
Le problème de l'amnésie renvoie au problème de l'oubli que j'évoquais sur un autre fil, mais avec deux réformes structurelles très rapprochées, cela passe moins. Et les courroies de transmission (i.e les IPR) savent (pour la majorité je suppose) que leur arguments sont du pipeau
Merci Luigi pour cet excellent article
- Dame JouanneÉrudit
Donc, si j'ai bien compris, le but du management moderne serait de rendre les salariés plus dociles même si c'est aux dépens de leur efficacité et donc aussi de l'entreprise ??
J'avoue, j'ai du mal à suivre la logique... sans parler des effets dévastateurs d'une telle méthode dans le domaine de l'enseignement et pour des enfants ou des adolescents en pleine construction.
J'avoue, j'ai du mal à suivre la logique... sans parler des effets dévastateurs d'une telle méthode dans le domaine de l'enseignement et pour des enfants ou des adolescents en pleine construction.
- neomathÉrudit
Luigi_B a écrit:Mais comment fait-on pour obliger des gens qui sont un peu libres à appliquer ces méthodes standard ? C’est là que la précarisation subjective intervient pour justement déposséder les salariés de leurs savoirs, de leurs métiers, de leurs expériences, de leurs collectifs, de tout ce qui les rassure et qui met de la sérénité dans le travail. On les en prive par le changement permanent puisqu’à partir du moment où tout bouge constamment, ils perdent leurs repères et sont précarisés subjectivement. Même s’ils ont des emplois stables, ils sont obligés d’aller chercher les « bonnes » procédures, les « bonnes » pratiques. Ils y sont obligés car ils ne maîtrisent plus rien. La précarisation subjective, c’est justement reconstruire un sentiment de vulnérabilité identique à celui des précaires chez ceux qui ne le sont pas. On les déstabilise pour qu’ils se raccrochent aux codes.
Voila exactement ce qu'ont vécu les profs de STI lors de la dernière réforme.
Merci pour ce texte très éclairant.
- horiuNiveau 2
Le management n'a rien à voir avec la rentabilité mais avec l'efficacité. "Le management est la mise en œuvre des moyens humains et matériels d'une entreprise pour atteindre ses objectifs" (wikipédia) dans une entreprise marchande l'efficacité c'est effectivement être rentable (ce qui n'est pas choquant en soi) mais dans un établissement scolaire les objectifs sont tout autres (éduquer, instruire, lutter pour l'égalité.... )et le management n'est pas un gros mot et il a sa place. De plus le management à l'ancienne est dépassé: la pression, l'autoritarisme, le management par le stress a montré toute son inefficacité, (ce qui ne veut pas dire malheureusement qu'il ait disparu; en tout cas ce n'est pas ce qui est enseigné en RH). Certes on ne manage pas des profs comme on manage des ingénieurs, ou des commerciaux, il n'y a pas un modèle de management unique qui serait dogmatiquement imposé. Un établissement scolaire a une particularité: c'est une organisation dont la base, les profs, est composée d'experts de haut niveau. les infantiliser, les déconsidérer, les in-sécuriser serait de "l'antimanagement ". On parle de bienveillance envers les élèves, cette bienveillance s’applique aussi à tous les personnels d'un établissement, c'est en tout cas ce que le management "moderne" préconise.
- LefterisEsprit sacré
Dans l'entreprise, ça se rattrape sur les coûts, grâce à la "flexibilité", bientôt au changement par le licenciement, et la docilité du salarié permet de rattraper par le surcroît de travail la perte d'efficacité liée à la perte de repères.Dame Jouanne a écrit:Donc, si j'ai bien compris, le but du management moderne serait de rendre les salariés plus dociles même si c'est aux dépens de leur efficacité et donc aussi de l'entreprise ??
J'avoue, j'ai du mal à suivre la logique... sans parler des effets dévastateurs d'une telle méthode dans le domaine de l'enseignement et pour des enfants ou des adolescents en pleine construction.
Dans le service public, il s'agit tout simplement de réduire les coûts totaux, peu importe le résultat, même si on fait croire le contraire, évidemment. Il serait naïf de croire que les concepteurs de réformes éprouvent quelque intérêt pour l'efficacité. Ce sont des politiciens, des hauts fonctionnaires, des moins hauts à qui on donne des avantages, mais ils gèrent pur leur intérêt immédiat (mandat, carrière) La commande sera de produire de bons chiffres, une bonne communication. La réforme de l'EN en cours en est une bonne illustration.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- CeladonDemi-dieu
Abaway, en effet, les préceptes sont bien suivis. Euh... ils sont au courant, au ministère ?horiu a écrit:Le management n'a rien à voir avec la rentabilité mais avec l'efficacité. "Le management est la mise en œuvre des moyens humains et matériels d'une entreprise pour atteindre ses objectifs" (wikipédia) dans une entreprise marchande l'efficacité c'est effectivement être rentable (ce qui n'est pas choquant en soi) mais dans un établissement scolaire les objectifs sont tout autres (éduquer, instruire, lutter pour l'égalité.... )et le management n'est pas un gros mot et il a sa place. De plus le management à l'ancienne est dépassé: la pression, l'autoritarisme, le management par le stress a montré toute son inefficacité, (ce qui ne veut pas dire malheureusement qu'il ait disparu; en tout cas ce n'est pas ce qui est enseigné en RH). Certes on ne manage pas des profs comme on manage des ingénieurs, ou des commerciaux, il n'y a pas un modèle de management unique qui serait dogmatiquement imposé. Un établissement scolaire a une particularité: c'est une organisation dont la base, les profs, est composée d'experts de haut niveau. les infantiliser, les déconsidérer, les in-sécuriser serait de "l'antimanagement ". On parle de bienveillance envers les élèves, cette bienveillance s’applique aussi à tous les personnels d'un établissement, c'est en tout cas ce que le management "moderne" préconise.
- LefterisEsprit sacré
Je suis d'accord avec ces excellents principes (sauf sur le mot "management", qui par son étymologie même est une insulte).horiu a écrit:Le management n'a rien à voir avec la rentabilité mais avec l'efficacité. "Le management est la mise en œuvre des moyens humains et matériels d'une entreprise pour atteindre ses objectifs" (wikipédia) dans une entreprise marchande l'efficacité c'est effectivement être rentable (ce qui n'est pas choquant en soi) mais dans un établissement scolaire les objectifs sont tout autres (éduquer, instruire, lutter pour l'égalité.... )et le management n'est pas un gros mot et il a sa place. De plus le management à l'ancienne est dépassé: la pression, l'autoritarisme, le management par le stress a montré toute son inefficacité, (ce qui ne veut pas dire malheureusement qu'il ait disparu; en tout cas ce n'est pas ce qui est enseigné en RH). Certes on ne manage pas des profs comme on manage des ingénieurs, ou des commerciaux, il n'y a pas un modèle de management unique qui serait dogmatiquement imposé. Un établissement scolaire a une particularité: c'est une organisation dont la base, les profs, est composée d'experts de haut niveau. les infantiliser, les déconsidérer, les in-sécuriser serait de "l'antimanagement ". On parle de bienveillance envers les élèves, cette bienveillance s’applique aussi à tous les personnels d'un établissement, c'est en tout cas ce que le management "moderne" préconise.
Le problème, c'est que malgré la bonne volonté de certains, leur absence de caractère caporaliste, il faudra bien que le management soit ou bien brutal , ou bien pernicieux, le principe managérial étant d'obtenir ce qu'on veut par des voies indirectes . Et ce que doit vouloir un CDE, pris en étau, c'est par exemple de faire aboutir la réforme, qu'il le veuille ou non, que l'immense majorité des professeurs soit contre. Il devra rendre compte, et que fera-t-il quand ça bloquera, que personne ne voudra faire d'EPI ,que ce sera sa carrière, ses primes dans la balance ? Ca passera inévitablement par des manœuvres de division, de manipulation, via des primes, des IMP, des bons EDT, le maintien d'un service complet, etc. D'ailleurs, ça a commencé dans les établissements,comme le mien, où la réforme le passe pas.
Quant à la pression, même si elle ne se fait pas par la menace verbale directe, (comme j'ai pu le connaître parfois dans une autre administration, où j'ai d'ailleurs fait l'essentiel de ma carrière jusqu'ici), elle découle de l'insécurisation de fait liée aux paramètres ci-dessus, et encore d'une méthode managériale de choix : la réunionite, qui consiste selon la phraséologie à "impliquer les acteurs" "faire émerger" , selon le procédé du transverse management des bonnes volontés, des leaders, des rivalités, et ce qui est moins dit, user les gens . On se réunit ad nauseam jusqu'à obtention des EPI , par exemple, alors que par deux fois, trois fois, tout le monde a dit non.
Le problème du management est là tout entier : chacun est "impliqué", au sens fort du latin "implicare", qui signifie "enlacer, empêtrer, entortiller".
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- horiuNiveau 2
Lefteris a écrit:
On se réunit ad nauseam jusqu'à obtention des EPI , par exemple, alors que par deux fois, trois fois, tout le monde a dit non.
Je ne veux pas provoquer mais il me semble les EPI sont dans la loi, la question ne peut pas être de les faire ou pas, c'est plutôt comment on les fait, quels délais on se donne.... Une loi est votée, des textes sont là, on applique, et ceux qui ne sont pas contents voteront d'autres représentants, c'est le principe d'une démocratie non ?
- LefterisEsprit sacré
Les EPI sont pour l'établissement. Comme beaucoup de collègues, je n'ai pas d'idée d'EPI, c'est bête...mes collègues de lettres ne veulent non plus pas perdre une heure de français. Bon, ça commence apparemment a coller des noms d'EPI sur n'importe quoi. Si on m'impose un EPI , tout créé, je le ferai, j'ai bien compris l'argument massue : on est fonctionnaire, on fonctionne. mais ça n'ira pas plus loin.horiu a écrit:Lefteris a écrit:
On se réunit ad nauseam jusqu'à obtention des EPI , par exemple, alors que par deux fois, trois fois, tout le monde a dit non.
Je ne veux pas provoquer mais il me semble les EPI sont dans la loi, la question ne peut pas être de les faire ou pas, c'est plutôt comment on les fait, quels délais on se donne.... Une loi est votée, des textes sont là, on applique, et ceux qui ne sont pas contents voteront d'autres représentants, c'est le principe d'une démocratie non ?
D'ailleurs les EPI ne sont pas dans la loi, mais dans un décret. La loi c'est un fourre-tout nommé "refondation", et tous les coups qui nous pleuvent dessus arrivent par décrets. Pour la démocratie, à part le nom , il n'en reste guère.
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- gauvain31Empereur
C'est un décret, pas une loi... que personne ne voulait. Pas de concertation avec les enseignants et mise en place pour des motifs n'ayant rien à avoir avec l'intérêt des élèves: et tu voudrais qu'on l'applique à la lettre ? Si tu avais des enfants (tu en as peut-être) tu accepterais qu'ils aient un enseignement au rabais ?
- horiuNiveau 2
Les décrets sont pris en application d'une loi qu'ils précisent, effectivement ils ne sont pas voté mais ils s'imposent à nous comme s'imposent à nous les programmes, l'organisation des rythmes scolaires qui sont aussi des décrets et arrêtés. Quant à l'enseignement au rabais, la situation passée et actuelle (qu'a subi mon enfant,) ne me semblait pas réjouissante, je n'ai pas eu l'impression que l'école était en réussite sauf pour les élites . Oui je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut innover et réformer notre système, les EPI (sur le papier, à évaluer à l'usage,) me semblent une bonne chose (alors que les IDD ne m'ont jamais convaincus) et je ne crois pas qu'ils pénalisent les disciplines bien au contraire.
- verdurinHabitué du forum
Je crois qu'il s'agit d'une idée fausse.horiu a écrit:Le management n'a rien à voir avec la rentabilité mais avec l'efficacité. "Le management est la mise en œuvre des moyens humains et matériels d'une entreprise pour atteindre ses objectifs" (wikipédia) dans une entreprise marchande l'efficacité c'est effectivement être rentable (ce qui n'est pas choquant en soi) mais dans un établissement scolaire les objectifs sont tout autres (éduquer, instruire, lutter pour l'égalité.... )et le management n'est pas un gros mot et il a sa place. De plus le management à l'ancienne est dépassé: la pression, l'autoritarisme, le management par le stress a montré toute son inefficacité, (ce qui ne veut pas dire malheureusement qu'il ait disparu; en tout cas ce n'est pas ce qui est enseigné en RH). Certes on ne manage pas des profs comme on manage des ingénieurs, ou des commerciaux, il n'y a pas un modèle de management unique qui serait dogmatiquement imposé. Un établissement scolaire a une particularité: c'est une organisation dont la base, les profs, est composée d'experts de haut niveau. les infantiliser, les déconsidérer, les in-sécuriser serait de "l'antimanagement ". On parle de bienveillance envers les élèves, cette bienveillance s’applique aussi à tous les personnels d'un établissement, c'est en tout cas ce que le management "moderne" préconise.
Elle est basée sur le fait que l’intérêt de l’entreprise (au sens large l'éducation est une entreprise) coïncide avec celui de ses dirigeants.
Ce qui ne me semble pas évident.
Pour donner un exemple pas trop vieux, les dirigeants de la banque Dexia se sont considérablement enrichis, même si ils ont ruiné leur entreprise.
Et je crois que ce genre de phénomène peut se produire dans n'importe quelle « entreprise » assez grande.
L'intérêt des dirigeant est d'avoir un maximum de pouvoir, ce qui se traduit souvent, actuellement, en termes monétaires.
Mais dans l'éducation, il me semble facile de voir que les réformes récentes ( Chatel et Vallaud-Belkacem )se traduisent effectivement par une dégradation des performances de « l’entreprise ».
Ce qui n'est pas grave : elles montrent que les chefs du ministère sont vraiment des chefs.
Et c'est là qu'est leur vraie valeur.
En ce sens ce que tu qualifies « d'antimanagement » devient parfaitement rationnel.
Et je pense que ce genre de choses se produit dans n'importe quelle organisation de taille suffisante.
La seule vraie monnaie est le pouvoir.
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Contre la bêtise, les dieux eux mêmes luttent en vain.
Ni centidieux, ni centimètres.
- gauvain31Empereur
horiu a écrit:Les décrets sont pris en application d'une loi qu'ils précisent, effectivement ils ne sont pas voté mais ils s'imposent à nous comme s'imposent à nous les programmes, l'organisation des rythmes scolaires qui sont aussi des décrets et arrêtés. Quant à l'enseignement au rabais, la situation passée et actuelle (qu'a subi mon enfant,) ne me semblait pas réjouissante, je n'ai pas eu l'impression que l'école était en réussite sauf pour les élites . Oui je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut innover et réformer notre système, les EPI (sur le papier, à évaluer à l'usage,) me semblent une bonne chose (alors que les IDD ne m'ont jamais convaincus) et je ne crois pas qu'ils pénalisent les disciplines bien au contraire.
C'est là que je ne suis pas d'accord avec toi horiu. Les enfants ne sont pas des cobayes. Il y a eu en 2010 la mise en place en Seconde des enseignements d'exploration à cheval sur deux disciplines bâties à partir d'un fil directeur: pourquoi n'y a-t-il pas eu d'évaluation de l'impact des enseignements d'exploration sur la progression des élèves?
Ce que je vois depuis 2010 c'est une dégradation de la qualité de notre enseignement et celui de nos élèves par rapport à l'ancien système.
Je suis désolé horiu, j'ai vu trop de choses en 16 établissement fréquentés (avant et après 2010) et ce serait pour moi une faute professionnelle et même une folie de ma part que d'appliquer une façon de faire (qui n'a pas à être imposé d'ailleurs) dont on sait qu'elle sera néfaste pour les enfants (aux mêmes causes, les mêmes conséquences). Je refuse de foutre en l'air mon enseignement: c'est l'intérêt de l'enfant qui prime pour moi. Quand on sait que cette réforme est faite avant tut pour faire des économies, elle n'a aucune légitimité. Après, si tu ne peux pas comprendre ceci, soit. Mais je ne suis pas fou et je ne peux pas d'un point de vue moral appliquer telle quelle cette réforme
- LefterisEsprit sacré
Les EPI une bonne chose .. Ah bon . Exemple pour les LCA : un enseignant de LCA avait une matière pluridisciplinaire, comme le nom l'indique, il faisait de la langue, de l'histoire, de la civilisation. Du jour au lendemain , il ne fait plus tout ça, on lui supprime au minimum 3 heures (dans la réalité bien plus car on ouvrait plusieurs divisions de latin , et avec du grec parfois) , et il doit trouver une idée foireuse, prise sur une heure de français, avec un improbable collègue, pour faire une heure sans langue ( interdiction de faire de la langue) , sans culture ( on est dans le "pratique"), et sans antiquité (pas au programme d'histoire, où d'ailleurs le prof de LC est autant spécialiste par sa formation).horiu a écrit:Les décrets sont pris en application d'une loi qu'ils précisent, effectivement ils ne sont pas voté mais ils s'imposent à nous comme s'imposent à nous les programmes, l'organisation des rythmes scolaires qui sont aussi des décrets et arrêtés. Quant à l'enseignement au rabais, la situation passée et actuelle (qu'a subi mon enfant,) ne me semblait pas réjouissante, je n'ai pas eu l'impression que l'école était en réussite sauf pour les élites . Oui je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut innover et réformer notre système, les EPI (sur le papier, à évaluer à l'usage,) me semblent une bonne chose (alors que les IDD ne m'ont jamais convaincus) et je ne crois pas qu'ils pénalisent les disciplines bien au contraire.
Quant à faire venir bosser les enseignants avec la haine au ventre , après les avoir copieusement insultés (voir la vidéo Robine) je ne sais pas s'il amènera un bon résultat.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- OlympiasProphète
Grillée ! J'ai lu ça aujourd'hui et j'allais le mettre en ligne.Luigi_B a écrit:Le point de vue d'une sociologue sur le management dans l'entreprise, Danièle Linhart, qui trouve quelques curieux échos dans l'Éducation nationale aujourd'hui.
http://www.laviedesidees.fr/L-entreprise-de-depossession-3054.html
Extraits :
Danièle Linhart : La question que je pose est de savoir comment le management moderne arrive à asseoir son emprise sur ses salariés sans recourir à la logique taylorienne qui inscrit dans la définition même des tâches, la contrainte et le contrôle. Avec le développement des activités tertiaires, la question devient : comment l’employeur va t-il avoir l’emprise suffisante pour que les salariés acceptent de travailler selon les critères de rentabilité voulus dans un capitalisme financier de court terme ? Comment est-ce qu’on oblige les salariés à se transformer eux-mêmes en petit bureau des temps et des méthodes pour s’appliquer à eux-mêmes les principes d’économie permanente de temps et de coût, et qui plus est dans des situations de travail fluctuantes ? C’est ça le cœur du modèle managérial moderne : chaque salarié devient le relais de la logique taylorienne. On ne peut pas prédéfinir ex ante le travail, c’est au salarié d’organiser son propre travail. Marie-Anne Dujarier a étudié cet aspect dans son livre L’Idéal au travail. L’impossibilité managériale de préconiser un type de travail nécessite de s’adapter à chaque situation de travail, de laisser un peu d’autonomie aux salariés.
La vie des idées : Dans votre dernier ouvrage, La Comédie humaine du travail, vous expliquez qu’avec la précarisation subjective, il y a ce double processus. On déstabilise les gens en les plaçant « sur le fil du rasoir », pour reprendre vos termes, afin de les rabattre sur les protocoles. Vous pouvez nous expliquer ce deuxième aspect ?
Danièle Linhart : Il faut effectivement que cette autonomie soit bordée par des méthodes standard, des méthodologies, des critères, des process, des procédures. Mais comment fait-on pour obliger des gens qui sont un peu libres à appliquer ces méthodes standard ? C’est là que la précarisation subjective intervient pour justement déposséder les salariés de leurs savoirs, de leurs métiers, de leurs expériences, de leurs collectifs, de tout ce qui les rassure et qui met de la sérénité dans le travail. On les en prive par le changement permanent puisqu’à partir du moment où tout bouge constamment, ils perdent leurs repères et sont précarisés subjectivement. Même s’ils ont des emplois stables, ils sont obligés d’aller chercher les « bonnes » procédures, les « bonnes » pratiques. Ils y sont obligés car ils ne maîtrisent plus rien. La précarisation subjective, c’est justement reconstruire un sentiment de vulnérabilité identique à celui des précaires chez ceux qui ne le sont pas. On les déstabilise pour qu’ils se raccrochent aux codes. En faisant un nombre assez important d’interviews dans des secteurs diversifiés, j’entends les gens dire qu’ils n’y arrivent plus. Ils expliquent comment il y a sans cesse des restructurations de service, des recompositions de métier, des changements de missions... Par exemple, à Pôle emploi, les salariés expliquent que tout bouge tout le temps. Certains disent : « Vous me demanderiez de me situer dans l’organigramme, je ne peux pas. Je ne sais plus de qui je dépends ». Il y a donc un sentiment de non-maîtrise entraînant un état d’inquiétude permanente. Autre exemple, celui des infirmières qui disent : « On nous change constamment de service. On ne connaît donc pas les armoires où il y a les médicaments. Avant, on savait que tel médicament était là, tel instrument était ici... Maintenant, comme on nous change tout en permanence, on ne sait plus. On perd du temps. On veut en gagner mais on risque de faire des bêtises ». Tout cela génère de l’appréhension, de la peur, de l’anxiété. Et du coup, lorsqu’on leur dit : « C’est très simple. Il faut faire comme ça », les salariés se tournent alors vers ces pratiques, ces procédures, ces méthodes qui ont été mises au point par des experts qui ne connaissent pas les métiers et sont absolument indifférenciées quel que soit le secteur. Mais les gens acceptent parce qu’ils ont un profond sentiment de précarité, d’impuissance, d’absence de maîtrise de leur travail. Du coup, il y a une perte de sens parce que ce n’est plus le sens de leur travail, selon les règles de leur métier, selon leur expérience, selon ce qui les amenés à vouloir être les professionnels qu’ils sont, mais c’est une espèce de logique managériale qui les conduit. Récemment, un responsable des ressources humaines m’a dit : « Moi, mon rôle, c’est de produire de l’amnésie ». Cette formule est extraordinaire, elle montre qu’avec le changement permanent, les gens doivent oublier comment ils travaillaient avant pour appliquer ces méthodes.
[...]
L’opinion publique a été complètement endoctrinée par les discours autour de la défense de l’emploi, de la défense du rang de la France dans le monde jusqu’au discours humaniste de la réalisation de soi. Tout cela procède de la même rhétorique, celle de l’entreprise qui a besoin de se libérer. Ce n’est pas les salariés qu’il faut libérer pour qu’ils puissent s’exprimer dans leur travail, influencer leur travail, c’est l’entreprise qui doit se libérer, qui doit se simplifier. C’est ça le travail idéologique. Ces discours s’accompagnent d’une réhabilitation du management présenté à la fois comme le général de la guerre économique et un modèle de la bienveillance. À cela s’ajoute un discours de culpabilisation des salariés : « La France est un pays où les salariés ont un code du travail trop protecteur, où ils coûtent trop chers. Avec les 35 heures, ils travaillent trop peu... ».
[...]
Toute la logique taylorienne, fordienne et moderne, repose sur la « one best way ». L’idée de Taylor, c’est de dire qu’il n’y a pas de solutions locales. Son obsession a toujours été de trouver la seule et unique meilleure manière d’organiser le travail des gens. Or, en fonction des circonstances, des types de travail, de leur expérience, les gens devraient pouvoir développer leurs manières de travailler, adaptées à leurs outils, à leurs publics, à leurs possibilités. Ce qui est évidemment impensable parce qu’échappant à tout contrôle. Quand j’entends, par exemple, des conducteurs de trains me dire : « Sur la ligne C, on est obligé de conduire avec le pied sur le frein mais on ne le dit pas parce qu’on se ferait virer. On sait que les règles ne sont pas viables et que si on devait freiner, ça prendrait beaucoup plus de temps. Donc, on arrive tout le temps en retard et on se fait tout le temps engueuler ». Les conducteurs savent très bien ce qu’il faudrait changer, améliorer, ce qu’il faudrait faire. Mais on ne tient pas compte de leur point de vue. Les gens sont toujours dans ce qu’Yves Clot appelle à juste titre « le travail empêché » : ils ne peuvent pas faire ce qu’il faut pour être efficaces parce qu’ils n’ont pas la possibilité de peser sur la définition du contenu de leur travail et de son environnement. C’est la résultante de cette logique de « la seule bonne manière ».
- LefterisEsprit sacré
Bon , je suis content de voir que le problème du management et de ses stratégies, que j'ai souvent lancé ici, que j'ai analysé (et je continue) hors de l'E.N., trouve des échos.Olympias a écrit:
Grillée ! J'ai lu ça aujourd'hui et j'allais le mettre en ligne.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- lemigouNiveau 6
horiu a écrit:Les décrets sont pris en application d'une loi qu'ils précisent, effectivement ils ne sont pas voté mais ils s'imposent à nous comme s'imposent à nous les programmes, l'organisation des rythmes scolaires qui sont aussi des décrets et arrêtés. Quant à l'enseignement au rabais, la situation passée et actuelle (qu'a subi mon enfant,) ne me semblait pas réjouissante, je n'ai pas eu l'impression que l'école était en réussite sauf pour les élites . Oui je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut innover et réformer notre système, les EPI (sur le papier, à évaluer à l'usage,) me semblent une bonne chose (alors que les IDD ne m'ont jamais convaincus) et je ne crois pas qu'ils pénalisent les disciplines bien au contraire.
J'aimerais savoir quelle différence vous faites entre les EPI et les IDD, c'est exactement la même chose ! J'ai fait suffisamment d'IDD pour le savoir !
Mais il est vrai que pour faire les IDD, il y avait des moyens pour faire de la co-intervention, alors que pour les EPI cela n'est même pas le cas !
Et pour les IDD, on avait une vrai liberté de sujet, alors que là, on nous impose des thèmes pitoyables et superficiels pour certains, en contradiction avec notre liberté pédagogique.
- lemigouNiveau 6
horiu a écrit:Lefteris a écrit:
On se réunit ad nauseam jusqu'à obtention des EPI , par exemple, alors que par deux fois, trois fois, tout le monde a dit non.
Je ne veux pas provoquer mais il me semble les EPI sont dans la loi, la question ne peut pas être de les faire ou pas, c'est plutôt comment on les fait, quels délais on se donne.... Une loi est votée, des textes sont là, on applique, et ceux qui ne sont pas contents voteront d'autres représentants, c'est le principe d'une démocratie non ?
Il me semble que la liberté pédagogique est aussi inscrite dans la loi et que les EPI et l'AP sont une grave entorse à la liberté pédagogique.
- Night OwlNiveau 10
horiu a écrit:Les décrets sont pris en application d'une loi qu'ils précisent, effectivement ils ne sont pas voté mais ils s'imposent à nous comme s'imposent à nous les programmes, l'organisation des rythmes scolaires qui sont aussi des décrets et arrêtés. Quant à l'enseignement au rabais, la situation passée et actuelle (qu'a subi mon enfant,) ne me semblait pas réjouissante, je n'ai pas eu l'impression que l'école était en réussite sauf pour les élites . Oui je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut innover et réformer notre système, les EPI (sur le papier, à évaluer à l'usage,) me semblent une bonne chose (alors que les IDD ne m'ont jamais convaincus) et je ne crois pas qu'ils pénalisent les disciplines bien au contraire.
Pourrais-tu expliquer en quoi les EPI te paraissent plus convaincants que les IDD?
- Dame JouanneÉrudit
Pour avoir été dans un établissement qui gardé des IDD très longtemps, je confirme. J'y ai même pratiqué un équivalent des EPI une année : il n'y avait pas de moyens horaires et nous avons du faire l'IDD sur nos heures de cours. Ca été l'année la moins réussi (le mot est faible). Pour nous les professeurs, obligés de gérer un temps réduit. Pour les élèves, qui ne sont pas rentrés dans le thème, n'ont vu qu'une suite d'activités et n'ont certainement pas vu la fameuse "interdisciplinarité qui donne sens aux enseignements".lemigou a écrit:horiu a écrit:Les décrets sont pris en application d'une loi qu'ils précisent, effectivement ils ne sont pas voté mais ils s'imposent à nous comme s'imposent à nous les programmes, l'organisation des rythmes scolaires qui sont aussi des décrets et arrêtés. Quant à l'enseignement au rabais, la situation passée et actuelle (qu'a subi mon enfant,) ne me semblait pas réjouissante, je n'ai pas eu l'impression que l'école était en réussite sauf pour les élites . Oui je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut innover et réformer notre système, les EPI (sur le papier, à évaluer à l'usage,) me semblent une bonne chose (alors que les IDD ne m'ont jamais convaincus) et je ne crois pas qu'ils pénalisent les disciplines bien au contraire.
J'aimerais savoir quelle différence vous faites entre les EPI et les IDD, c'est exactement la même chose ! J'ai fait suffisamment d'IDD pour le savoir !
Mais il est vrai que pour faire les IDD, il y avait des moyens pour faire de la co-intervention, alors que pour les EPI cela n'est même pas le cas !
Et pour les IDD, on avait une vrai liberté de sujet, alors que là, on nous impose des thèmes pitoyables et superficiels pour certains, en contradiction avec notre liberté pédagogique.
Le grand intérêt des IDD était que justement ils avaient un horaire dédié en plus de nos horaires disciplinaires et qu'ils nous permettaient de faire de la co-intervention sur cet horaire. C'était une réelle possibilité d'aborder certains thèmes du cours d'une manière différente. Je ne vois pas cette possibilité avec les EPI.
- Presse-puréeGrand sage
horiu a écrit:Le management n'a rien à voir avec la rentabilité mais avec l'efficacité. "Le management est la mise en œuvre des moyens humains et matériels d'une entreprise pour atteindre ses objectifs" (wikipédia) dans une entreprise marchande l'efficacité c'est effectivement être rentable (ce qui n'est pas choquant en soi) mais dans un établissement scolaire les objectifs sont tout autres (éduquer, instruire, lutter pour l'égalité.... )et le management n'est pas un gros mot et il a sa place. De plus le management à l'ancienne est dépassé: la pression, l'autoritarisme, le management par le stress a montré toute son inefficacité, (ce qui ne veut pas dire malheureusement qu'il ait disparu; en tout cas ce n'est pas ce qui est enseigné en RH). Certes on ne manage pas des profs comme on manage des ingénieurs, ou des commerciaux, il n'y a pas un modèle de management unique qui serait dogmatiquement imposé. Un établissement scolaire a une particularité: c'est une organisation dont la base, les profs, est composée d'experts de haut niveau. les infantiliser, les déconsidérer, les in-sécuriser serait de "l'antimanagement ". On parle de bienveillance envers les élèves, cette bienveillance s’applique aussi à tous les personnels d'un établissement, c'est en tout cas ce que le management "moderne" préconise.
Ces infos ont visiblement du mal à circuler...
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- Dame JouanneÉrudit
Donc, tout se résume à vouloir diminuer les coûts de fonctionnement. C'est un objectif légitime, mais quand il devient le seul et unique objectif...Lefteris a écrit:Dans l'entreprise, ça se rattrape sur les coûts, grâce à la "flexibilité", bientôt au changement par le licenciement, et la docilité du salarié permet de rattraper par le surcroît de travail la perte d'efficacité liée à la perte de repères.
Dans le service public, il s'agit tout simplement de réduire les coûts totaux, peu importe le résultat, même si on fait croire le contraire, évidemment. Il serait naïf de croire que les concepteurs de réformes éprouvent quelque intérêt pour l'efficacité. Ce sont des politiciens, des hauts fonctionnaires, des moins hauts à qui on donne des avantages, mais ils gèrent pur leur intérêt immédiat (mandat, carrière) La commande sera de produire de bons chiffres, une bonne communication. La réforme de l'EN en cours en est une bonne illustration.
Surtout que ces diminutions de coûts ne semblent s'appliquer qu'à la base et nettement moins en haut de l'échelle (salaires des patrons mais aussi hausse des primes pour les recteurs).
- LefterisEsprit sacré
Eh oui , tout se résume à ça. Mais, la logique des primes monstrueuses pour les recteurs, les DASEN, les directeurs dans d'autres administrations ne contredit en rien ce principe, qui est le même que celui du privé, où plus on licencie, plus le parachute est confortable. Quelques personnes sont fortement récompensées pour "optimiser" le fonctionnement (réduire les coûts , en traduction), mais leur nombre est faible , rapporté à la masse des économies réalisées, précisément parce qu'ils sont motivés pour faire du zèle.Dame Jouanne a écrit:
Donc, tout se résume à vouloir diminuer les coûts de fonctionnement. C'est un objectif légitime, mais quand il devient le seul et unique objectif...
Surtout que ces diminutions de coûts ne semblent s'appliquer qu'à la base et nettement moins en haut de l'échelle (salaires des patrons mais aussi hausse des primes pour les recteurs).
Il faut toujours bien graisser une échelon intermédiaire pour qu'il s'applique, ça vaut à tous les niveaux . Les fonctionnaires européens sont d'autant plus dociles qu'on les coopte, et que la gamelle est copieuse...
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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