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- MarmontNiveau 9
Non, d'ailleurs je ne vois pas où cela est écrit... :|Guillaume le Grand a écrit:Il faut donc apprécier, voire vénérer, Jules Ferry pour être un bon prof d'histoire-géo?Marmont a écrit:
9 De toute manière, "c'est de la faute à ce pourri de Ferry" et à ses actuels admirateurs
(véridique :shock: , entendu d'une ancienne L3 en sciences de l'éducation, après un cours "d'histoire"... )
Il avait été uniquement question de la mise en place des lois scolaires - mauvaises, car coupables de la situation actuelle - dans ce cours d'"histoire" des sciences de l'éduc. Je ne pense pas que le cours en question soit allé jusqu'aux débats sur la colonisation à la Chambre, ou à la politique d'entente avec l'Allemagne, voire aux recherches de bienveillance britannique pour les affaires extérieures qui occupaient le ministère Ferry en 1881; pas davantage en direction des affaires intérieures françaises du moment qui tournaient essentiellement autour des tensions cléricales, de la réforme des sénateurs inamovibles, de l'épuration des "hommes du 16 mai" dans l'administration, des rapports entre les gambettistes et Ferry, etc.
Non, rien de tout cela : le cher Jules était simplement un "pourri" parce qu'il avait fait ces réformes scolaires, c'est tout.
Un tel manque de nuance et de recul critique m'avaient frappé. Des jugements radicaux de ce type frôlent l'indigence intellectuelle, mais visiblement sont dispensés dans certains cours "d'histoire"....
- ycombeMonarque
kero a écrit:sacrecharlemagne a écrit:A titre personnel, je ne suis pas convaincu de faire des cas qui s'opposent à des ennemis souvent caricaturaux et virtuels. Pour reprendre ton image, nous sommes tous un savant mélange de pédagogisme et d'anti-pédagogisme. Tout est une question de dosage
Bah c'est-à-dire que face à nos classes, il y a un seul principe qui régit forcément l'échange. Il n'est pas pédagogiste, ni anti-pédagogiste, c'est juste un principe de réalité : ça fonctionne, ou ça ne fonctionne pas.
Je connais un mec, il a inventé une méthode pédagogique et il se réclame de l'empirisme.
http://vimeo.com/5792432
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- Handsome DevilNiveau 9
Il y a de quoi alimenter le Meirieutron en phrases toutes faites...
Je me suis pris à lire un certain nombre d'articles du dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson (dispo en ligne et téléchargeable en PDF), et le contraste est saisissant par rapport au discours prédigéré (régurgité ?) de l'institution. Et pas en faveur des "innovants". A mon avis une lecture nécessaire pour tout professionnel de l'EN en devenir.
Je me suis pris à lire un certain nombre d'articles du dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson (dispo en ligne et téléchargeable en PDF), et le contraste est saisissant par rapport au discours prédigéré (régurgité ?) de l'institution. Et pas en faveur des "innovants". A mon avis une lecture nécessaire pour tout professionnel de l'EN en devenir.
- Spinoza1670Esprit éclairé
Il y a deux Dictionnaires, en tout cas deux éditions de ce Dictionnaire, 1887 et 1911.
cf. début de http://michel.delord.free.fr/dp.html
cf. début de http://michel.delord.free.fr/dp.html
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- Handsome DevilNiveau 9
Effectivement, merci de la précision.
- doctor whoDoyen
Handsome Devil a écrit:Il y a de quoi alimenter le Meirieutron en phrases toutes faites...
Je me suis pris à lire un certain nombre d'articles du dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson (dispo en ligne et téléchargeable en PDF), et le contraste est saisissant par rapport au discours prédigéré (régurgité ?) de l'institution. Et pas en faveur des "innovants". A mon avis une lecture nécessaire pour tout professionnel de l'EN en devenir.
Une association pédagogique qui se réclame de Buisson, le GRIP : http://www.instruire.fr
L'article fondateur qui établit cette filiation : http://www.slecc.fr/buisson.htm
On peut dire ce qu'on veut de Ferry, mais les lois de 1880 sont tout de même difficilement attaquables. Et il faut le louer au moins pour une chose : avoir mis justement Buisson à la tête de l'école primaire.
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- MarmontNiveau 9
Complètement...doctor who a écrit:
On peut dire ce qu'on veut de Ferry, mais les lois de 1880 sont tout de même difficilement attaquables. Et il faut le louer au moins pour une chose : avoir mis justement à la tête de l'école primaire.
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"Tous pour un, chacun pour soi"... Non, ça doit pas être ça...
- ycombeMonarque
Si si on peut attaquer ces lois. Il parait qu'il les a mis en place en expliquant aux bourgeois qu'il fallait le faire pour éviter que les ouvriers ne le fassent seuls, pour pouvoir contrôler l'instruction. 80% des ouvriers parisiens auraient su lire au moment de la Commune. Je ne sais plus quel livre racontait ça, prenez ça comme une rumeur.doctor who a écrit:Handsome Devil a écrit:Il y a de quoi alimenter le Meirieutron en phrases toutes faites...
Je me suis pris à lire un certain nombre d'articles du dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson (dispo en ligne et téléchargeable en PDF), et le contraste est saisissant par rapport au discours prédigéré (régurgité ?) de l'institution. Et pas en faveur des "innovants". A mon avis une lecture nécessaire pour tout professionnel de l'EN en devenir.
Une association pédagogique qui se réclame de Buisson, le GRIP : http://www.instruire.fr
L'article fondateur qui établit cette filiation : http://www.slecc.fr/buisson.htm
On peut dire ce qu'on veut de Ferry, mais les lois de 1880 sont tout de même difficilement attaquables. Et il faut le louer au moins pour une chose : avoir mis justement Buisson à la tête de l'école primaire.
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- Spinoza1670Esprit éclairé
Quelqu'un m'a parlé d'un truc comme ça. L'enseignement mutuel (l'instruction des niveaux inf par les niveaux sup au sein d'une même classe) aurait été torpillé car il permettait d'instruire trop vite et trop bien et il a été remplacé par l'enseignement par classe de niveau identique. Par contre sa destruction avait commencé bien avant Ferry. Je n'ai pas trouvé beaucoup de textes sur cet enseignement mutuel. En même temps, je n'ai pas cherché à fond.
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- doctor whoDoyen
C'est vrai. J'ai parlé un peu vite. Disons que si ceux qui critiquent Ferry pour ces lois rejettent le principe d'une école laïque, gratuite et obligatoire, organisée par l'Etat, qu'ils le disent.
Et je le répète, les principes pédagogiques sur lesquels l'école primaire a été créée étaient très bons dès le départ. Perfectibles et amendables sans doute (Freinet et l'Education nouvelle ont eu et ont encore des choses à dire : l'histoire pédagogique ne s'est pas arrêtée en 1923), mal ou peu appliqués dans bien des écoles et par bien des maîtres, peut-être : mais leur rejet dans les années 60 fut une grande erreur.
Et je le répète, les principes pédagogiques sur lesquels l'école primaire a été créée étaient très bons dès le départ. Perfectibles et amendables sans doute (Freinet et l'Education nouvelle ont eu et ont encore des choses à dire : l'histoire pédagogique ne s'est pas arrêtée en 1923), mal ou peu appliqués dans bien des écoles et par bien des maîtres, peut-être : mais leur rejet dans les années 60 fut une grande erreur.
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- ParatgeNeoprof expérimenté
L'enseignement mutuel était influencé par les écoles indigènes de l'Inde britannique : un seul maître et des dizaines d'élèves assis par terre écrivant sur le sable. Enseignement de pays pauvres, permettant des économies de salaires et de matériel.
Ce qu'on peut voir en Afrique subsaharienne aujourd'hui…
Ce qu'on peut voir en Afrique subsaharienne aujourd'hui…
- MarmontNiveau 9
Comme il s'agit d'une rumeur, on ne saura jamais...Il parait qu'il les a mis en place en expliquant aux bourgeois qu'il fallait le faire pour éviter que les ouvriers ne le fassent seuls, pour pouvoir contrôler l'instruction.
Il me semble que c'est ce qui se pratiquait en France entre les lois Guizot et les lois Ferry : une dose d'improvisation, des programmes plus ou moins flous, pratiquement aucun financement de l'Etat (tout était à la discrétion des communes, donc on peut imaginer aisément les fossés !) aucune formation de maîtres recrutés directement par les communes, mais une émulation certaine dans ce qui était le plus souvent une classe unique. Il y avait cinq semaines de vacances dans la plupart des écoles communales et le seuil d'ouverture de classe - dirait-on aujourd'hui - était de 50. Le problème est que rien n'était véritablement uniformisé et harmonisé à ce sujet (seul Duruy tenta un premier programme "national" sous le Second Empire, mais c'était assez limité) et les disparités très grandes.
L'enseignement mutuel (l'instruction des niveaux inf par les niveaux sup au sein d'une même classe) aurait été torpillé car il permettait d'instruire trop vite et trop bien et il a été remplacé par l'enseignement par classe de niveau identique.
Sans accès de nostalgie - j'ai pas connu... - ni de troubles conservateurs, je partage ton point de vue.Et je le répète, les principes pédagogiques sur lesquels l'école primaire a été créée étaient très bons dès le départ. Perfectibles et amendables sans doute (Freinet et l'Education nouvelle ont eu et ont encore des choses à dire : l'histoire pédagogique ne s'est pas arrêtée en 1923), mal ou peu appliqués dans bien des écoles et par bien des maîtres, peut-être : mais leur rejet dans les années 60 fut une grande erreur.
Sauf qu'on te répondra que cette école s'arrêtait à 13 ans et qu'après, la suite était réservée à l'élite de la société (c'est cette forme de "discrimination" sociale devant l'instruction qui fait aussi passer Ferry pour un "pourri" chez certains)
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"Tous pour un, chacun pour soi"... Non, ça doit pas être ça...
- doctor whoDoyen
A 13 ans ou avant, d'ailleurs, le Certificat de Fin d'Etude étant le sésame pour arrêter plus tôt, si l'on pouvait prouver qu'on avait le niveau suffisant.
Mais ce n'est pas Ferry qui a fait que les familles désiraient des études courtes pour leurs enfants. La brièveté du cursus primaire est avant tout un problème de demande, et non d'offre. L'existence d'une frange importante de "capables non intégrés" semble permettre d'affirmer cela.
Je renvoie à mon petit article : http://pedagoj.eklablog.com/en-1957-le-niveau-montait-a107701266
Les études s'allongent quand la demande d'études plus longues augmente, après la 2e guerre mondiale, avec les "Trente glorieuses" (avec un premier coup de boutoir en 1836 : l'allongement à 14 ans, la fin du certif comme "permis d'arrêter plus tôt" et la création des classes de fin d'étude).
Mais ce n'est pas Ferry qui a fait que les familles désiraient des études courtes pour leurs enfants. La brièveté du cursus primaire est avant tout un problème de demande, et non d'offre. L'existence d'une frange importante de "capables non intégrés" semble permettre d'affirmer cela.
Je renvoie à mon petit article : http://pedagoj.eklablog.com/en-1957-le-niveau-montait-a107701266
Les études s'allongent quand la demande d'études plus longues augmente, après la 2e guerre mondiale, avec les "Trente glorieuses" (avec un premier coup de boutoir en 1836 : l'allongement à 14 ans, la fin du certif comme "permis d'arrêter plus tôt" et la création des classes de fin d'étude).
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- IphigénieProphète
Sur l'école au début du siècle il y a un livre à lire, le dernier roman de Zola , qui figurait dans son projet des Quatre Evangiles: Vérité
Malgré quelques longueurs, excellent éclairage sur les origines et le contexte de la séparation de l'église et de l'état , le combat pour l'école laïque, la philosophie des écoles normales et la "mission" dont se sentaient investis les instituteurs et institutrices de cet âge héroïque (mais c'est là qu'on voit qu'enseigner a toujours été un combat héroïque, en fait...)
Malgré quelques longueurs, excellent éclairage sur les origines et le contexte de la séparation de l'église et de l'état , le combat pour l'école laïque, la philosophie des écoles normales et la "mission" dont se sentaient investis les instituteurs et institutrices de cet âge héroïque (mais c'est là qu'on voit qu'enseigner a toujours été un combat héroïque, en fait...)
- NitaEmpereur
Paratge a écrit:L'enseignement mutuel était influencé par les écoles indigènes de l'Inde britannique : un seul maître et des dizaines d'élèves assis par terre écrivant sur le sable. Enseignement de pays pauvres, permettant des économies de salaires et de matériel.
Ce qu'on peut voir en Afrique subsaharienne aujourd'hui…
L'enseignement mutuel était surtout protestant ce me semble (et résulte de la nécessité de savoir lire pour lire la Bible).
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A clean house is a sign of a broken computer.
- Pedro CordobaNiveau 7
Puisqu'on est passé des lieux communs du pédagogisme à des considérations sur "l'école de Jules Ferry" je me permets d'indiquer ce que j'en écrivais au printemps dernier sur mon blog :
http://pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2014/01/05/monsieur-maurin-bouleverse-la-science/
http://pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2014/01/05/monsieur-maurin-bouleverse-la-science/
- Pedro CordobaNiveau 7
Une histoire attentive aux taux de scolarisation en France tout au long du XIXème siècle montre que les lois-Ferry ont eu un impact très inférieur à ce qu'on imagine. En 1882, la très grande majorité des petits français allait déjà à l'école et la courbe s'est simplement poursuivie sur sa lancée antérieure (tout commence avec les lois-Guizot) jusqu'en 1914.
La vérité, c'est que la grande "nouveauté" des lois-Ferry se situe au niveau symbolique : les deux principes (gratuite et obligatoire) frappent les imaginaires. Or les mythes ont un grand effet sur la réalité. Bien plus grand que la plupart des faits "réels". A partir de Ferry, les français se sont passionnés pour l'école - et cela dure jusqu'à aujourd'hui. C'est aussi la "passion" qui a animé les "hussards noirs" donnant naissance à un autre mythe, lui aussi très réel. Et ainsi de suite.
Cette "mythification" de "l'école de Jules Ferry" a évidemment aussi des inconvénients, surtout depuis que les pédagogistes en ont fait le symbole du mal absolu : l'école qui exclut. Et l'argument du Ferry colonialiste est sans cesse mis en avant. Or l'école de Jules Ferry n'est pas l'école de Jules Ferry. Ce dernier n'a été ministre de l'éducation que très peu de temps - pas plus d'un an si mes souvenirs sont bons. Un Benoit Hamon de l'époque, pour ainsi dire! Juste le temps de faire voter ces lois symboliques et de partir... aux colonies justement. Bref, comme quelqu'un d'autre l'a rappelé plus haut, l'école de Jules Ferry est en vérité celle de Ferdinand Buisson, qui n'avait rien d'un colonialiste ni d'un tyran opprimant le peuple. Et c'est avec la pédagogie-Buisson que s'est lentement opérée la jonction du mythe et de la réalité.
La vérité, c'est que la grande "nouveauté" des lois-Ferry se situe au niveau symbolique : les deux principes (gratuite et obligatoire) frappent les imaginaires. Or les mythes ont un grand effet sur la réalité. Bien plus grand que la plupart des faits "réels". A partir de Ferry, les français se sont passionnés pour l'école - et cela dure jusqu'à aujourd'hui. C'est aussi la "passion" qui a animé les "hussards noirs" donnant naissance à un autre mythe, lui aussi très réel. Et ainsi de suite.
Cette "mythification" de "l'école de Jules Ferry" a évidemment aussi des inconvénients, surtout depuis que les pédagogistes en ont fait le symbole du mal absolu : l'école qui exclut. Et l'argument du Ferry colonialiste est sans cesse mis en avant. Or l'école de Jules Ferry n'est pas l'école de Jules Ferry. Ce dernier n'a été ministre de l'éducation que très peu de temps - pas plus d'un an si mes souvenirs sont bons. Un Benoit Hamon de l'époque, pour ainsi dire! Juste le temps de faire voter ces lois symboliques et de partir... aux colonies justement. Bref, comme quelqu'un d'autre l'a rappelé plus haut, l'école de Jules Ferry est en vérité celle de Ferdinand Buisson, qui n'avait rien d'un colonialiste ni d'un tyran opprimant le peuple. Et c'est avec la pédagogie-Buisson que s'est lentement opérée la jonction du mythe et de la réalité.
- Pedro CordobaNiveau 7
Il faut arrêter de rêver sur l'enseignement mutuel, encensé par Hugo. J'ai l'impression en lisant ce qui précède que certains de ceux qui en parlent ne savent pas de quoi il s'agit (s'agissait).
C'est Guizot qui a supprimé l'enseignement mutuel.
C'est Guizot qui a supprimé l'enseignement mutuel.
- MarmontNiveau 9
Nous sommes bien d'accord. (sauf pour la dernière date, faute de frappe sans aucun doute... )doctor who a écrit:A 13 ans ou avant, d'ailleurs, le Certificat de Fin d'Etude étant le sésame pour arrêter plus tôt, si l'on pouvait prouver qu'on avait le niveau suffisant.
Mais ce n'est pas Ferry qui a fait que les familles désiraient des études courtes pour leurs enfants. La brièveté du cursus primaire est avant tout un problème de demande, et non d'offre. L'existence d'une frange importante de "capables non intégrés" semble permettre d'affirmer cela.
Je renvoie à mon petit article : http://pedagoj.eklablog.com/en-1957-le-niveau-montait-a107701266
Les études s'allongent quand la demande d'études plus longues augmente, après la 2e guerre mondiale, avec les "Trente glorieuses" (avec un premier coup de boutoir en 1836 : l'allongement à 14 ans, la fin du certif comme "permis d'arrêter plus tôt" et la création des classes de fin d'étude).
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"Tous pour un, chacun pour soi"... Non, ça doit pas être ça...
- Pedro CordobaNiveau 7
D'accord avec la mise au point de docteur who.
- L'école "de Jules Ferry" n'excluait personne. Si beaucoup d'élèves s'arrêtaient après l'école élémentaire, ce n'est pas parce qu'on (qui?) ne voulait pas que les "fils de pauvres" aillent plus loin dans leurs études. La faible proportion d'élèves en sixième s'explique par le choix des familles. Choix tout à fait rationnel, comme toujours. Car même le certif était inutile pour la plupart des boulots. Une partie importante de ceux qui l'obtenaient n'en faisaient rien du tout : ils encadraient le diplôme et l'accrochaient au-dessus de leur cheminée. Beaucoup donc passaient le certif juste pour montrer qu'ils étaient "cultivés". Quant à entrer en sixième classique, avec du latin et du grec, la plupart des parents pensaient qu'ils n’étaient absolument pas concernés par cette "offre", bonne pour des extra-terrestres.
- Dans l'école "de Jules Ferry", l'obligation scolaire s'arrêtait à 12 ans. C''est en 1936 que Jean Zay la porte à 13 ans puis après-guerre qu'elle passe à 14 ans.
Il convient cependant d'ajouter que cette prolongation de la scolarité obligatoire n'a pas eu que des effets positifs. Car ceux qui, pour une raison ou pour une autre, se trouvaient dans le système primaire après l'âge de 11-12 ans avaient beaucoup plus de mal à rejoindre le système secondaire, la sixième ayant toujours commencé à 11 ans.
Un deuxième aspect des choses, qui contrebalance le premier et que tous les contempteurs de l'école "de Jules Ferry" oublient systématiquement est l'existence d'une filière post-élémentaire à l'intérieur même du système primaire. On a tendance aujourd'hui à confondre élémentaire et primaire et à projeter cette synonymie dans le passé. On rate ainsi un pan entier, et qui plus est absolument décisif, dans l'éducation des classes populaires dans l'entre-deux guerres. L'école primaire se prolongeait, bien après "l'âge du certif" et jusqu'aux ENS de Saint-Cloud et Fontenay, qui appartenaient donc au système primaire : peuplées par des fils ou des petit-fils d'ouvriers et de paysans alors que leur recrutement est aujourd'hui aussi bourgeois qu'à la rue d'Ulm : c'est ce qu'on appelle "progrès de la démocratisation".
Ne pas oublier donc l'existence de ces "collèges du peuple" - titre d'un livre excellent de Briand et Chapoulie dont je ne saurais trop recommander la lecture : cours complémentaires, EPS, ENI, possibilité de rejoindre les lycées en seconde et, comme je le disais à l'instant, ENS de Fontenay et de Saint-Cloud. Ce sont ces "collèges du peuple" qui accueillaient une partie fort importante de ces soi-disant "exclus" par le "pourri" de Ferry : beaucoup plus du double que les "fils de bourgeois" et les "quelques boursiers-alibi" scolarisés dans le secondaire dans les années 30.
A défaut du livre de Chapoulie, on peu en lire le compte-rendu par JP Terrail sur Persée :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1994_num_35_4_4361
- L'école "de Jules Ferry" n'excluait personne. Si beaucoup d'élèves s'arrêtaient après l'école élémentaire, ce n'est pas parce qu'on (qui?) ne voulait pas que les "fils de pauvres" aillent plus loin dans leurs études. La faible proportion d'élèves en sixième s'explique par le choix des familles. Choix tout à fait rationnel, comme toujours. Car même le certif était inutile pour la plupart des boulots. Une partie importante de ceux qui l'obtenaient n'en faisaient rien du tout : ils encadraient le diplôme et l'accrochaient au-dessus de leur cheminée. Beaucoup donc passaient le certif juste pour montrer qu'ils étaient "cultivés". Quant à entrer en sixième classique, avec du latin et du grec, la plupart des parents pensaient qu'ils n’étaient absolument pas concernés par cette "offre", bonne pour des extra-terrestres.
- Dans l'école "de Jules Ferry", l'obligation scolaire s'arrêtait à 12 ans. C''est en 1936 que Jean Zay la porte à 13 ans puis après-guerre qu'elle passe à 14 ans.
Il convient cependant d'ajouter que cette prolongation de la scolarité obligatoire n'a pas eu que des effets positifs. Car ceux qui, pour une raison ou pour une autre, se trouvaient dans le système primaire après l'âge de 11-12 ans avaient beaucoup plus de mal à rejoindre le système secondaire, la sixième ayant toujours commencé à 11 ans.
Un deuxième aspect des choses, qui contrebalance le premier et que tous les contempteurs de l'école "de Jules Ferry" oublient systématiquement est l'existence d'une filière post-élémentaire à l'intérieur même du système primaire. On a tendance aujourd'hui à confondre élémentaire et primaire et à projeter cette synonymie dans le passé. On rate ainsi un pan entier, et qui plus est absolument décisif, dans l'éducation des classes populaires dans l'entre-deux guerres. L'école primaire se prolongeait, bien après "l'âge du certif" et jusqu'aux ENS de Saint-Cloud et Fontenay, qui appartenaient donc au système primaire : peuplées par des fils ou des petit-fils d'ouvriers et de paysans alors que leur recrutement est aujourd'hui aussi bourgeois qu'à la rue d'Ulm : c'est ce qu'on appelle "progrès de la démocratisation".
Ne pas oublier donc l'existence de ces "collèges du peuple" - titre d'un livre excellent de Briand et Chapoulie dont je ne saurais trop recommander la lecture : cours complémentaires, EPS, ENI, possibilité de rejoindre les lycées en seconde et, comme je le disais à l'instant, ENS de Fontenay et de Saint-Cloud. Ce sont ces "collèges du peuple" qui accueillaient une partie fort importante de ces soi-disant "exclus" par le "pourri" de Ferry : beaucoup plus du double que les "fils de bourgeois" et les "quelques boursiers-alibi" scolarisés dans le secondaire dans les années 30.
A défaut du livre de Chapoulie, on peu en lire le compte-rendu par JP Terrail sur Persée :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1994_num_35_4_4361
- retraitéeDoyen
Il me semble d'ailleurs que les ENS que vous citez formaient les professeurs exerçant dans les Écoles Normales d'instituteurs.
- Pedro CordobaNiveau 7
Oui, tout à fait exact. C'est bien pourquoi le primaire formait un ordre d'enseignement par lui-même, fonctionnant d'une certaine façon en vase clos : les anciens élèves des ENS formaient les professeurs des ENI qui formaient les instituteurs qui instruisaient les élèves, qui à leur tout pouvaient devenir élèves des ENS - en nombre réduit bien sûr mais pas plus réduit que celui des élèves de la rue d'Ulm et de Sèvres. Cette "étanchéité" des deux systèmes n'empêchait pas les points de passage de l'un à l'autre, en particulier en sixième et en seconde, ni l'accès des élèves du primaire à l'enseignement supérieur (dans des proportions restreintes il est vrai). Mais il faut surtout, lorsqu'on parle de l'école "de Jules Ferry" se défaire de l'idée, propre au système actuel, d'une succession entre le primaire et le secondaire. Le primaire va au-delà du bac et le secondaire commence avant la sixième dans les "petites classes des lycées" (onzième, dixième, etc.). Ce sont deux réseaux parallèles, socialement discriminés, entre autres raisons parce que le secondaire était payant dès la onzième, mais aussi "élitistes" l'un que l'autre au niveau intellectuel. La plupart de ceux qui vouent aux gémonies "Ferry-le pourri" sont probablement persuadés que les élèves du primaire étaient systématiquement éjectés après l'école élémentaire.retraitée a écrit:Il me semble d'ailleurs que les ENS que vous citez formaient les professeurs exerçant dans les Écoles Normales d'instituteurs.
- OlympiasProphète
Toutafédoctor who a écrit:Handsome Devil a écrit:Il y a de quoi alimenter le Meirieutron en phrases toutes faites...
Je me suis pris à lire un certain nombre d'articles du dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson (dispo en ligne et téléchargeable en PDF), et le contraste est saisissant par rapport au discours prédigéré (régurgité ?) de l'institution. Et pas en faveur des "innovants". A mon avis une lecture nécessaire pour tout professionnel de l'EN en devenir.
Une association pédagogique qui se réclame de Buisson, le GRIP : http://www.instruire.fr
L'article fondateur qui établit cette filiation : http://www.slecc.fr/buisson.htm
On peut dire ce qu'on veut de Ferry, mais les lois de 1880 sont tout de même difficilement attaquables. Et il faut le louer au moins pour une chose : avoir mis justement Buisson à la tête de l'école primaire.
- Spinoza1670Esprit éclairé
Pedro Cordoba a écrit:Oui, tout à fait exact. C'est bien pourquoi le primaire formait un ordre d'enseignement par lui-même, fonctionnant d'une certaine façon en vase clos : les anciens élèves des ENS formaient les professeurs des ENI qui formaient les instituteurs qui instruisaient les élèves, qui à leur tout pouvaient devenir élèves des ENS - en nombre réduit bien sûr mais pas plus réduit que celui des élèves de la rue d'Ulm et de Sèvres. Cette "étanchéité" des deux systèmes n'empêchait pas les points de passage de l'un à l'autre, en particulier en sixième et en seconde, ni l'accès des élèves du primaire à l'enseignement supérieur (dans des proportions restreintes il est vrai). Mais il faut surtout, lorsqu'on parle de l'école "de Jules Ferry" se défaire de l'idée, propre au système actuel, d'une succession entre le primaire et le secondaire. Le primaire va au-delà du bac et le secondaire commence avant la sixième dans les "petites classes des lycées" (onzième, dixième, etc.). Ce sont deux réseaux parallèles, socialement discriminés, entre autres raisons parce que le secondaire était payant dès la onzième, mais aussi "élitistes" l'un que l'autre au niveau intellectuel. La plupart de ceux qui vouent aux gémonies "Ferry-le pourri" sont probablement persuadés que les élèves du primaire étaient systématiquement éjectés après l'école élémentaire.retraitée a écrit:Il me semble d'ailleurs que les ENS que vous citez formaient les professeurs exerçant dans les Écoles Normales d'instituteurs.
exemple :
primaire --> cm1
secondaire --> 8e
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- Spinoza1670Esprit éclairé
GhD a écrit:Conserver / progresser
Argument en apparence imparable : le numérique est un progrès. Ces outils vont faire progresser vos élèves. Vous allez gagner un temps précieux en classe. blablabla…
Cet argument du progrès est plutôt un bel exemple de conservatisme : on le ressort du formol régulièrement. Autant pour justifier la colonisation d’un continent que pour creuser en plein Alaska pour trouver du pétrole.
Or, le numérique ne peut être un progrès que si l’on s’entend sur ce qui doit être conservé (et pourquoi) et sur ce qui doit être revu. Car si les MOOC sont un progrès par exemple, c’est d’abord le progrès du magistral. Car si les tablettes sont un progrès, c’est d’abord le progrès économique des sociétés qui les ont créées.
article supprimé sur le net et blog supprimé
sauvegarde : http://www.linuxedu.org/de-lincertitude-2-0-le-retour/
cf. aussi : http://www.lesinrocks.com/2014/11/13/actualite/ordinateurs-tablettes-lecole-les-plans-numeriques-essuient-les-echecs-11535262/
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
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- ParatgeNeoprof expérimenté
Petite application des quatre procédés principaux. En les appliquant, on a tout de suite l’air d'un innovateur innovant !
1. Inventer des situations ou des préjugés qui n’existent pas. Logiquement, le discours élaboré pour lutter contre ces ennemis inexistants n’est qu’une addition de niaiseries :
« La culture scolaire dominante consiste en la transmission directe de connaissances non connectées et parfois non mises à jour et non pertinentes, en l’apprentissage mécanique et répétitif, en l’évaluation pour sélectionner et pour sanctionner et dans la prolongation de la journée scolaire des mineurs assortie de tâches et de devoirs trop nombreux. Les jeunes finissent par identifier le savoir avec la capacité à retenir de l’information jusqu’au jour de l’examen. »
2. Identifier le traditionnel avec le mal et le nouveau avec le bien. De cette manière on obtient deux choses. La première, maintenir son image, toujours si gratifiante, d’innovateur et d’avant-gardiste. La seconde, disqualifier le contradicteur en le cataloguant sans autre forme de procès de nostalgique et d’ancré dans le passé, en s’épargnant de cette façon l’effort de penser, démarche toujours difficile et douloureuse, sans aucun doute, mais indispensable pour élaborer des arguments rationnels :
« Il est urgent de diffuser, en particulier chez les enseignants en formation, pour lutter contre cet enseignement traditionnel, une pédagogie moderne qui prend en compte l’élève dans sa globalité et qui permet la réussite de tous. Autrement dit, tout ce que l’enseignement traditionnel ne permet pas. »
3. Proclamer comme propres à notre époque des situations qui ont toujours existé :
« La majorité des élèves ont de grandes difficultés à comprendre ce qu’on leur enseigne. À l’heure où l’information circule par l’Internet, où l’humanité connaît de graves problèmes de caractère interdisciplinaires, où les certitudes absolues ont disparu et où nous entrons dans un avenir incertain et complexe, l’École est toujours bloquée dans des contenus et des méthodes du passé. »
4. Présenter comme des innovations des choses que tous les bons professeurs ont toujours faites :
« L’École dont nous avons besoin de façon urgente doit se centrer sur l’élève et sur son développement intellectuel, pratique et éthique. Avec des enseignants bienveillants et des moments pour l’évaluation, pour rechercher et se former. »
1. Inventer des situations ou des préjugés qui n’existent pas. Logiquement, le discours élaboré pour lutter contre ces ennemis inexistants n’est qu’une addition de niaiseries :
« La culture scolaire dominante consiste en la transmission directe de connaissances non connectées et parfois non mises à jour et non pertinentes, en l’apprentissage mécanique et répétitif, en l’évaluation pour sélectionner et pour sanctionner et dans la prolongation de la journée scolaire des mineurs assortie de tâches et de devoirs trop nombreux. Les jeunes finissent par identifier le savoir avec la capacité à retenir de l’information jusqu’au jour de l’examen. »
2. Identifier le traditionnel avec le mal et le nouveau avec le bien. De cette manière on obtient deux choses. La première, maintenir son image, toujours si gratifiante, d’innovateur et d’avant-gardiste. La seconde, disqualifier le contradicteur en le cataloguant sans autre forme de procès de nostalgique et d’ancré dans le passé, en s’épargnant de cette façon l’effort de penser, démarche toujours difficile et douloureuse, sans aucun doute, mais indispensable pour élaborer des arguments rationnels :
« Il est urgent de diffuser, en particulier chez les enseignants en formation, pour lutter contre cet enseignement traditionnel, une pédagogie moderne qui prend en compte l’élève dans sa globalité et qui permet la réussite de tous. Autrement dit, tout ce que l’enseignement traditionnel ne permet pas. »
3. Proclamer comme propres à notre époque des situations qui ont toujours existé :
« La majorité des élèves ont de grandes difficultés à comprendre ce qu’on leur enseigne. À l’heure où l’information circule par l’Internet, où l’humanité connaît de graves problèmes de caractère interdisciplinaires, où les certitudes absolues ont disparu et où nous entrons dans un avenir incertain et complexe, l’École est toujours bloquée dans des contenus et des méthodes du passé. »
4. Présenter comme des innovations des choses que tous les bons professeurs ont toujours faites :
« L’École dont nous avons besoin de façon urgente doit se centrer sur l’élève et sur son développement intellectuel, pratique et éthique. Avec des enseignants bienveillants et des moments pour l’évaluation, pour rechercher et se former. »
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